Gangsta-Rap retrace l'histoire de cette éponyme sous-branche du hip-hop US faites de violence, de drogue et de haine revancharde contre un système profondément inégalitaire (et aussi un peu d'étalage egocentré) qui marqua la musique Américaine (et donc mondiale) durant les années '80 et '90.
A travers sept grands chapitres centrés sur sept grandes figures du milieu, l'auteur dresse des portraits passionnants et d'une incroyable richesse sur près d'un siècle de culture Amérikkkaine, ne reculant devant l'approfondissement d'aucun sujet pour nourrir la thèse du chapitre en cours, tissant des liens qui ont toujours une utilité, posant le décors d'une situation sociale, d'un contexte économique ou d'un événement marquant ; tout en mêlant récits des faits, biographies sommaires, citations ou encore extraits de lyrics.
Le tout, en se permettant régulièrement des figures de style ou des effets de textes originaux et réussis.
La forme est également une réussite totale, l'auteur maîtrise son verbe et sait utiliser un jargon faisant parfaitement sens, même en étant un béotien de la rime. L'ensemble est tellement passionnant que j'en ai un jour raté mon arrêt de train, plongé dans ma lecture que j'étais.
La bibliographie et la discographie citées par l'auteur sont gargantuesques et mènent souvent à une petite recherche Spotify (ou YouTube quand le software Suédois ne sait pas de quoi vous lui parlez) voire Google quand des mouvements politiques, groupes ou personnalités peu connus de ce côté de l'Atlantique sont cités.
A noter la présence d'une excellente idée en fin d'ouvrage : tous les albums cités dans le livre (et même plus je crois bien) sont référencés avec quelques commentaires. De quoi rapidement remettre la main sur le nom d'un album qu'on a croisé au détour d'une page, sans se souvenir laquelle.
On en regretterait presque qu'il ne ce soit pas attaqué au rap US en général ; mais soit le propos en aurait été étiolé, soit c'est une encyclopédie de 5.000 pages qui en serait sorti (ce que j’achèterai les yeux fermés ceci dit...).
Quatre cents pages que je recommande chaudement à n'importe qui s'intéressant à ce qui se trouve derrière le gangsta-rap en tant que courant musical. Mais aussi à ceux que les ghettos, la condition des Afro-Américains et la question du racisme intéressent. On en sort considérablement moins con ; et pas uniquement au sujet de Dr Dre et son amour des platines.