Quand je me sens atteint par la laideur du monde, je cours me réfugier dans une librairie y acquérir un ouvrage de Sylvain Tesson. Tesson est un ami, au sens littéraire du terme. J’aime ses livres. Il est tout ce que je ne suis pas, aventurier, romanesque, voyageur et rebelle... J’aime son écriture brève, juste et ironique. Inlassablement, il célèbre la valeur de la liberté, la beauté menacée de notre planète, la vigueur d’un stoïcisme serein, et dénonce l’obscénité du tourisme et l’hypocrisie et l’avarice des puissants.
« Assis sous un goyavier, ils (les créoles) regardent impassibles, les parapentistes, les grimpeurs, les joggeurs, les randonneurs et les plongeurs s’affairer sur les chemins. IIs doivent se demander à partir de quand les Occidentaux ont considéré le monde comme une salle de sport. »
« Cinq étages de jouets pour enfants. Le paradis de la dînette, du Schtroumpf et de la carabine à fléchettes. Les mômes qui pénètrent dans ce temps ont les mêmes yeux de Thérèse d’Avila quand elle voyait la vierge : ils entrent en extase. Et moi, je me dis que c’est l’endroit idéal où abandonner son rejeton, l’air de rien en douceur... »