Première page, première phrase, on voit de suite qu'on entre en Littérature ! Les phrases sont longues, travaillées, les mots précis, élaborés. On sent que la lecture va être un brin laborieuse mais pas laborieuse déplaisante, plutôt laborieuse comme un effort à faire pour atteindre quelque chose d'unique, d'intense. Et de fait, malgré quelques descriptions où il faut un peu s'accrocher, cela se lit plutôt bien, non, même plutôt très bien. La destinée des personnages est intéressante, le style est fluide et agréable.
J'ai appris tout (je ne savais rien) de la vie dans et autour des mines. Quelle vie, quel destin terrible que celui de ces familles ! On a beau avoir entendu des bribes d'anecdotes, lire ces lignes est un certain choc, c'en était presque douloureux (surtout pour moi qui suis un peu claustro).
Cette fosse, ce Voreux, cette dévoreuse d'hommes, que Zola décrit comme une "bête méchante" ; mission accomplie, cela fait froid dans le dos !
Ce qui me choque aussi n'est pas tant la misère que ce qu'elle fait des hommes. Sans amour, sans pitié, sans bienveillance. Un nouvel enfant est accueilli avec 2 sentiments opposés : 1) quel malheur cette bouche en plus à nourrir mais 2) il nous rapportera de l'argent lorsqu'il pourra aller travailler. En revanche, pas de joie, pas d'amour. Si vous cherchez des bons sentiments, passez votre chemin… Certains passages sont d'une violence et d'une cruauté terribles. Mais c'est ce qui fait cette lecture essentielle. Violence de leurs conditions de vie. Violence de leur réaction, à la mesure de leur misère. L'émasculation de l'épicier restera sûrement un moment phare… D'ailleurs, pour le coup, quelques longueurs dans les grèves de la deuxième moitié du roman, et beaucoup, beaucoup de violence (et de morts !). Peut-être même un peu trop…
Dernière chose : ce roman a été écrit au XIXème siècle ? Vous êtes sûr ? Parce que sur certains aspects, j'ai l'impression qu'il a été écrit l'année dernière…
PS : titre compris à la dernière phrase du roman ! J'adore !!!