Dans ce treizième tome de la série Rougon-Macquart, Zola s'emploie à dépeindre la condition des mineurs dans cette seconde moitié de siècle. Que dire si ce n'est que la misère, l'indigence, la tribulation des Maheu est adroitement représentée.
Zola brosse également un portrait psychologique complet d'Etienne Lantier, évoluant, se mouvant à travers la découverte des conditions de vie effroyables, son amour naissant pour Catherine ainsi que la grève qui le propulsera chef de file de ce mouvement voyant la lutte contre le capital comme seul et unique moyen de vivre dans une société plus juste et vertueuse. Cette longue et sinueuse marche témoigne à merveille des bourdonnements éloignant insensiblement Etienne de son but initial.
Quant aux personnages secondaires je regrette l'insignifiant développement du personnage de Chaval, qui en dépit de son opportunisme et de sa grossiereté aurait pu -s'il avait été plus exploité par Zola- devenir beaucoup plus inhumain, rude et brutal. Un léger développement psychologique aurait permis de lui ôter le voile faisant de lui une simple crapule, victime lui aussi de l'ignominie du capital.
Je déplore de plus cette sorte de dichotomie qui s'opère opposant ainsi Toussaint Maheu, le travailleur, juste, généreux et honnête au vaurien qu'est Chaval.
A noter cependant que le personnage de Souvarine est façonné de manière à ne pas laisser indifférent, son anarchisme lugubre mais serein, presque doux devient envoûtant et quoique réfutant cette idéologie, on se laisserait tenter. La complexité du personnage de la Maheude est à souligner, son inopiniâtreté demeure immuable en dépit des malheurs s'abattant sur elle.
A noter de plus que la comparaison Voreux/Bête s'avère savoureuse au début du roman mais devient sensiblement barbante, assomante dès lors qu'elle est répétée à longueur de temps.
Je comptais initialement mettre 7 mais c'était sans compter la justesse, le génie de la scène de la clairière dans laquelle l'auteur dépeint à la perfection le tumulte, l'exaltation que l'espoir du renversement des bourgeois transmis par la circonvolution d'Etienne augure. Je m'y serais cru.