Quelques coups de scalpel !!!

"Collabo", "Homophobe", "Antisémite", comme ça c'est fait... Désolé pour ce syndrome de Gilles de la Tourette du Politiquement correct...

Bon maintenant entrons dans le vif du sujet, qu'est que c'est Gilles de Pierre Drieu la Rochelle ???

Ben, Gilles c'est tout simplement ou du moins en très grande partie Pierre Drieu la Rochelle lui-même ; a fait la Grande Guerre, était homme à femmes, a un temps mais sans grande conviction été vers le Communisme, avant de plonger dans l'Extrême Droite,... voilà résumée grossièrement la vie de l'écrivain et de son protagoniste.

Mais encore ???

Gilles, c'est aussi une vision très cynique des milieux artistiques français des années 20 et 30 dans lesquels des petits-bourgeois aboient la mort des bourgeois mais pissent dans leur froc dès qu'un type a l'intention de vouloir vraiment appliquer dans la réalité les idées qu'ils professent ; bref des fumistes...

Mais aussi ???

Une vision tout aussi cynique des milieux politiques de cette même période entre communistes bien petits-bourgeois eux aussi, gauche-droite même combat complètement amorphes, et tentation de l'extrême-droite pour ne pas se donner l'impression de rester dans l'immobilisme... Oui, je sais très bien ce que vous pensez, et moi aussi je ne le pense pas moins...

Et puis ???

Et puis, il y a l'homme à femmes, incroyable séducteur mais qui en même temps est impuissant et instable face à son incapacité à pouvoir aimer durablement une femme et parfois à aimer tout court.

Et qu'est que j'ai pensé de tout cela ???

Je le dis tout de suite Pierre Drieu la Rochelle est un bon, un très bon même, écrivain, mais ce n'est pas un grand écrivain, du moins ici car je ne peux pas parler de son oeuvre en général étant donné que c'est le premier livre que je lis de lui. Ce n'est pas un grand écrivain et c'est très visible quand il essaye de jouer au grand écrivain quand il utilise des mots compliqués et des phrases longues (en plus il fait quelques fautes grammaticales !!!) ; on sent juste de l'esbroufe. Mais quand il oublie ce jeu, quand il revient à la simplicité, lorsqu'il sort une phrase, une pensée juste qui arrive comme un coup de scalpel bien tranchant, là il est très bon.

Et autant les passages du "grand écrivain" m'ont barbé, autant ceux du très bon écrivain m'ont captivé. Et étant donné que j'ai lu ce bouquin de près de 700 pages en une semaine, je dois en conclure qu'heureusement c'était surtout le très bon écrivain qu'il était présent.

Un autre petit reproche, chose qui aurait mieux passé auprès du jeune con que j'étais il y a dix ans mais beaucoup moins avec le vieux con que je suis aujourd'hui, Drieu la Rochelle se prend trop au sérieux et prend la vie trop au sérieux. Mais là, ce sont plus deux visions de la vie opposées qu'une critique de la qualité littéraire d'une oeuvre.

Mais reste que qu'avec ou sans humour, la vision qu'avait l'auteur de la vie est très juste et que ses coups de scalpel marquent profondément. Bon, je vous laisse sur un de ces derniers :

Une affreuse femme de lettre s’était reconnu le droit de présenter Saint-Boniface au pauvre public. Cette vieille clocharde [...] arborait la Légion d’Honneur. Il n’y a plus que les chiens en France qui ne l’aient pas : mais ça viendra. Elle avait cet air rageur et ravi des ratés qui se croient célèbres, n’en sont pas très sûrs, et profitent de la moindre occasion d’être en vue.

P.S : Coucou et merci, Fleming.