Dommage, c'est un roman...
On aurait pu se contenter de la réflexion, les dangers de la démocratie abusive mis en regard avec le chaos d'une société violente mais libre, toussa toussa, condensés en quelques pages proprettes.
Hélas, il y a les personnages.
Bon, Ron Altman s'en sort bien dans l'éternel rôle du vieillard intrigant (le comploteur stylé est un cliché qui fonctionne à tous les coups) et Puig, dans son ridicule, son exagération et ses pudeurs de vierge effarouchée, est sympathiquement humain.
Mais Baïkal et Kate sont désespérément creux : oyez braves gens, voici le jeune homme épris de liberté et sa bien-aimée résolue ! (je vois bien l'adaptation au cinéma avec Keanu Reeves et Keira Knightley en premiers rôles _ il n'en faut pas moins pour traduire la réelle complexité émotionnelle de ces personnages). Ne parlons pas de Fraiseur qui, pour avoir un rôle choupitrognon, n'en est pas moins lui aussi un prototype romanesque usé jusqu'à la corde.