J'ai éprouvé des difficultés à rentrer dans ce roman en raison de la généalogie complexe qui s'étend en dessous d'Angéline et de la culture atypique qu'on est amené à rencontrer abruptement dès les premières pages, mais l'apparition d'Esther – Esther qui joue le rôle de pont entre eux (les Roms) et nous, lecteurs (Gadji que nous sommes, tout comme elle) facilite l'immersion au cœur de cette singulière histoire...

L'écriture de l'auteure décrit avec finesse et sobriété l'existence humble des gens du voyage.

J'ai ressenti beaucoup de respect de la part d'Alice Ferney vis-à-vis de ses personnages : "Grâce et dénuement" est un roman à la fois sensible et retenu. Il n'émet pas de jugement à l'égard des Roms/Gitans et nous invite à la tolérance.

Ce livre m'a permis de passer un plaisant moment et m'a surprise par sa capacité à mettre au jour – le roman porte bien son titre – la grâce qui peut émaner du dénuement et ce, sans faire preuve de complaisance pour autant. Il projette le lecteur dans un monde gris et revêche, l'y fait macérer jusqu'à substituer à la bienséance davantage d'humanité...

Cécile QD9 et Marie m'ont toutefois permis de prendre conscience a posteriori de quelques bémols : les échanges entre Esther et Angéline et les siens restent toujours très superficiels. Je m'étonne donc avec elles que la magie ait lieu, que cette leçon d'humanité passe avec tant de facilité quand les relations tissées entre les Roms et la Gadjé demeurent finalement très peu profonds...

Aussi, tout en se gardant de les juger, Alice Ferney décrit le mode de vie des Gitans par la malpropreté, l'inculture, l'oisiveté, l'alcoolisme, les larcins, le machisme, les violences conjugales, l'infidélité, ... Mais évite-t-on les clichés avec une description pareille à celle-là?

Quoi qu'il en soit, force est de constater que le livre fait son effet si l'on se laisse porter sans y réfléchir... Une jolie découverte !
Reka
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le 19 déc. 2011

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