I thought it was kind of sweet at the time, but of course it's not.
Un roman de Kathy Acker est à la fois total et fragmentaire, ayant abandonné (comme Cézanne, elle le rappelle) l'espoir d'une représentation unique du monde (elle a d'ailleurs écrit un livre là-dessus, enfin entre autres, Art after Modernism) elle multiplie les narrations, les personnages, les emprunts, les coupes, le livre semble se disperser en apparence alors qu'il ne rate jamais ses cibles,il tape juste, avec précision et implacabilité mais en variant les angles d'attaques.
C'est cruel, drôle, violent, insupportable même, ce n'est pas un livre aimable, lorsqu'elle réécrit le texte d'un autre (ici on aura au moins reconnu Guyotat, Réage, Proust), ce n'est pas un détournement distant et ironique, mais une implication et une compréhension totale, l'oeuvre de Acker se nourrit de sa Vie, ici le suicide de sa mère, et ses lectures en font partie, et si l'ensemble est sombre, les pulsions vitales, les passions surgissent aussi.
Politique oui, militant pas vraiment, le miroir qu'elle promène le long de la route (comme disait Stendhal) est certes à facettes multiples et déformantes, mais ça reste un miroir.
De quoi ce roman parle-t-il? Comme tous les autres, du Désir, de ces Grandes Espérances qui se transforment en Illusions Perdues.