La solitude du python à Paris
Monsieur Cousin est un type normal. En plus de ça, il est depuis peu l'heureux animal de compagnie d'un python africain exporté et extrapolé à Paris, deux mètres vingt, tous ses crocs et beaucoup de tendresse.
Car Monsieur Cousin a un surplus d'amour, un besoin de l'exprimer explicitement haut et fort, mais pas trop pour ne pas déranger, en adoptant ce long compagnon qui l'adopte à son tour pendant de longues séances de câlins - d'où son nom -, le python s'enroulant amoureusement autour des épaules de Monsieur Cousin. De quoi égayer un deux-pièces pourtant déjà si intimement sympathique avec son fauteuil anglais qui a bourlingué de par le monde et un radiateur qui glou-gloute amicalement.
Seulement Monsieur Cousin a un soucis : pour nourrir son affectueux partenaire de solitude parisienne et humanitaire, il doit lui offrir chaque semaine une souris. Mais la première victime sur l'autel du sacrifice pythonesque est si blanche et si petite que Monsieur Cousin se prend d'amitié pour elle et son petit museau comme un baiser. Alors il aménage un petit appartement en forme de boîte pour Blondine - c'est le nom de la souris, parce que c'est triste de ne pas avoir de nom quand on est aimé et qu'on aime en retour.
Il va donc falloir trouver une nouvelle façon de nourrir Gros-Câlin. Ça l'ennui, Monsieur Cousin, quand on lui demande ce que ça mange un python. Alors il répond du tic au tac : "Des pâtes, du pain, du fromage, des choses comme ça", et reprend ses pieds pour continuer à se promener pédestrement dans Paris, son python autour de lui comme une armure de tendresse dans la solitude de la vie quotidienne de toutes les vies.
"La vie est une affaire sérieuse, à cause de toute sa futilité".