Le retour du commandant Sacha Duguin...
Venant de paraître, un nouvel épisode bien plaisant des aventures de la commissaire retraitée Lola Jost et de son amie artiste effeuilleuse et karatéka Ingrid Diesel, dans une sombre enquête impliquant certains réseaux peu clairs de la Françafrique, et un fond peu reluisant de guerre des polices...
Quelques bref aperçus :
"Emmanuelle Carle jouait au maître zen, les mains enfouies dans la tristesse de son éternel pardessus beige. À croire que ni l'agitation du ciel ni celle des hommes n'avaient d'impact sur elle. Pourtant, Sacha sentait que le moindre énervement de sa part était consigné dans un carnet invisible qu'elle ne manquerait pas d'utiliser à bon escient et au bon moment. "Si le général est coléreux, son autorité peut être facilement ébranlée". Le capitaine Carle aurait pu écrire "L'art de la guerre" de Sun Tzu."
"Mars avait roulé sa bosse d'une ambassade à l'autre avant de se fixer à Paris. Certains l'appelaient le "flibustier". Son visage mordu par le soleil et les responsabilités. Ces moments où il racontait ses souvenirs au premier quidam venu avant de le planter là comme s'il venait de s'épancher par erreur. Sa différence face à ceux qui caressaient toujours la hiérarchie dans le sens du poil."
"- Si ce rhum était de l'aquavit, je me ferais l'impression d'être dans un polar scandinave, confia-t-elle à Barthélémy qui payait ses frasques de la nuit passée et bâillait à s'en décrocher la mâchoire.
- Pourquoi ? demanda-t-il les yeux mi-clos.
- Dans un polar scandinave, les héros enchaînent les réunions languissantes et n'hésitent pas à ressasser leurs problèmes. Et puis ils sont un peu comme toi et moi. Au bord de la neurasthénie."
Second "gros" auteur policier de la maison Viviane Hamy (avec des ventes loin derrière celles de Fred Vargas toutefois), Dominique Sylvain déçoit légèrement sur cette dernière livraison, à mon sens : trop de coquilles de relecture (grammaire et accords notamment) - ce qui attriste toujours un peu, trop de "petites phrases" réactionnaires glissées dans les propos des héros - ce qui fatigue un peu à la longue, surtout lorsque c'est sensiblement "hors caractère" des personnages, et enfin - surtout -, un perceptible début d'usure de la flamboyance, en langage et en situations, des deux héroïnes Lola et Ingrid. Un très bon moment de lecture malgré tout, le retour du commandant Sacha Duguin, rageur et ambitieux, sauvant largement la mise...