J’ai dû lutter pour arriver au bout. Pourtant j’aime assez bien le style célinien, mais là c’est la seule chose que possède ce livre. Ça débute plutôt bien, par cette belle scène de guerre, bien crue, très celinienne. La suite est plutôt sympa elle aussi, les bas fonds de Londres, les maquereaux, les bagarres, les prostituées, Cascade, Carmen, Boro, Matthew, Clodovitz. Ça bouge bien.
C’est la suite qui pèche, la fin du T1 et le tome 2, un échec à tous les niveaux. Le style s’épuise, l’impression qu’il n’y a plus rien a raconter, que l’auteur a bout d’inspiration cherche à combler pour se rapprocher des 1200pages qu’il promettait dans l’avant-propos.
Et comment il choisit de le combler ? Avec une intrigue pédophile de très mauvais goût, sans la prise de recul moral qu’opérerait Nabokov quelques années plus tard. Des pages et des pages sur une relation avec une gamine de 12-13 ans. Qui finit le livre enceinte, d’ailleurs, histoire d’aller au fond de l’abject. Les scènes d’agressions ou les fantasmes pervers du narrateur ne suffisaient pas.
Et c’est ce qui constitue le fil narratif de toute cette seconde partie.
Ça casse totalement l’engouement qu’on pouvait ressentir en lisant les aventures de la 1ere partie, d’autant plus qu’il y a un changement de rythme assez important, on passe vraiment d’une histoire à l’autre, les personnages de la première partie disparaissent et reviennent seulement à la toute fin, nous laissant pendant des centaines de page en compagnie de Sosthène, personnage sous exploité, et Virginie, petite fille fantomatique aux mains des délires pervers du narrateur et de Céline.
Bref, un mauvais livre, mais qui a son intérêt toutefois : quand on voit les éloges qu’il reçoit, on se figure mieux les effets du culte célinien en France. On est à des années lumières du voyage, de mort à credit ou même de la trilogie allemande.