Il y a quelque chose de pourri, dans le royaume du Danemark.
Et pas du genre de la carcasse pestilentielle abandonnée derrière un coin d'escalier, comme ce pauvre Polonius qui aura perdu sa dernière partie de cache-cache.
Non, plutôt le genre d'effluves qui accroche l'esprit et le tourmente jusqu'au désespoir... comme celle de la trahison.
Notre cher prince Hamlet, par exemple, la ressent dès qu'il aperçoit le Roi Claudius en train de se pavaner, fier de ses fonctions nouvellement acquises. Dans ces moments là, il sait qu'une chose étrange se trame et que la récente mort de son père (ayant amené cette passation de pouvoir posthume) a quelque chose d'étrange.
Étrange est d'ailleurs le mot idéal pour décrire l'atmosphère du château ces derniers temps, puisque le défunt paternel en sillonne les artères durant la nuit, sous une forme pour le moins... spectrale.
Hamlet finit par le rencontrer, et là, la vérité terrible éclate : tout n'était que mensonges, tromperies, billevesées et contrepèteries. La mort de l'ancien roi est en fait le fruit du perfide Claudius, qui lorgnait sur le pouvoir avec autant d'envie que lorsqu'on dévore du regard la poularde sortant du four.
La vengeance est de mise, et Hamlet est bien décidé à faire payer ce meurtre, quitte à envoyer paître la moitié du continent dès qu'ils voudront lui adresser la parole.
Mais une invitée surprise décide de faire chambre partagée avec Hamlet : la folie.
Car qui croire, quand se trame en coulisses autant de méfaits et de mensonges, à par peut-être le doux Horatio? Même la délicate Ophelie, parangon de vertu animée des intentions les plus pures de cette Terre, se risque à frôler le prince fou, quitte à en perdre l'esprit. Et que dire de sa propre mère, qui semble être capable de changer de mari comme de dentelle ?
Ainsi se joue, dans cette pièce, l'éternelle l'histoire de l'humanité, où les coups dans le dos et les trahisons vont bon train, laissant notre cher Hamlet dans le doute sur la justification de sa vengeance.
Car c'est une chose de vouloir venger son père, mais que faire quand on hésite entre être ou ne pas être ? Doit-on lâcher les amarres de l'existence, ou tenter de lutter contre ce flot incessant ?
En tout cas, une chose est sûre, c'est que même après tout ce fatras, il y a toujours quelque chose de pourri au Danemark.