Il y a pour la Haine des époques fastes, d'inexplicables moments où elle porte d'extraordinaires fioritures. Nos âmes, aussi lymphatiques qu'elles soient, s'intoxiquent aux mensonges et persistent comme un grabataire valétudinaire atteint de la peste.
Quelqu'un se souviendra-t-il d'Hanouna ? Chose de néant, point plus, qui devient soudainement l'homme idoine des conflagrations de la France.
Tout devient conjectural avec Branco. Ses amitiés les plus solides se dévissent de sorte qu'il finisse d'écrire un livre contre le présentateur télévision qui le recevait auparavant. Pourtant, Branco payait bonne mine quand ce mendigot de foutre-à-buzz, l'air d'un bourgeois hispide avec sa tignasse de mérinos noir en guise de monosourcil, époussetait sa tablature dialectique du bourgeois gentilhomme dans Touche pas à mon poste. « Maître Branco » qu'on se doit solennellement de l'apostropher, sauf que ce calicot humain au regard de chien battu ne mérite aucun autre prédicat honorifique que celui de « chienne Branco ».
Tu auras beau le cacher derrière ton faux semblant d'embourgeoisé, on sait que ton livre n'est que la conséquence d'un antisémitisme point dissimulé. L'insuffisance des mots humains est ici d'autant plus manifeste que rien t'honorerait tant l’œuvre est d'une ignominie excessive. Attaquer mon Baba c'est attaquer toute la France, c'est claquemurer la population du globe dans un piètre livre ; et ce livre est le tien.
Je fermai le livre. Le sommeil ne vint plus. J'eus envie de vomir, de pleurer, de rouler sans arrêt. Debout sur le pas de la porte, n'osant pas sortir, je regardai timidement la nuit. La dépouille de l'Honneur de Baba m'apparut ; voyant son plus fidèle fanzouze toujours en larme, il essuya mes yeux du bout de ses faibles doigts, trop pâles. « Pauvre petit fanzouze, ne pleure pas, tu sais bien que ton cher Baba ne peut pas mourir sans une dernière dahka », me disait-il avec une intelligible lumière de tristesse dans les deux lampes languides de ses vastes yeux de nabi marqué par le déshonneur.
La poussière sépulcrale s'évapora avec ma dernière larme. Ma destinée de défendre Baba se manifesta si hardiment que le hurlement de nos épitomés sublimes peut être défié d'exprimer ma procellaire véhémence d'un plus perçant cri de guerre. Pour Hanouna, je peux accepter de traverser un hypogée de douleurs.
Je passai ma main sur mes tempes et je m'aperçus avec joie que je pleurais depuis un instant.
Cessez avec Baba.
Libérez Hanouna.