Il y a plus de deux décennies de cela, la sorcellerie envahissait nos bibliothèques pour ne plus les quitter : entre raz-de-marée commercial et succès populaire, la saga Harry Potter passait à la postérité sans aucune contestation possible. Un état de fait conforté par l’apport non moins négligeable des huit films adaptant l’œuvre de J. K. Rowling, entérinant une influence outrepassant le seul médium littéraire : le phénomène de société est aujourd’hui polymorphe.
En parcourant de nouveau Harry Potter and the Philosopher’s Stone, l’expérience de relecture évoque de façon prégnante ses liens avec le long-métrage de Chris Colombus, dévoilant par voie de fait les forces et faiblesses de chacun ; plus spécifiquement, le contenu du roman démontre de la réussite de son adaptation, certes conventionnelle dans son essence (formelle) mais intelligente dans l’exercice de portage pur. Contrairement à ce que je pouvais formuler auparavant, les ajustements et « oublis » (oui, Peeves, tu aurais peut-être été de trop) soulignés prennent ainsi désormais une tout autre tournure.
Néanmoins, tenons-en nous ici au récit originel : ce qui frappe, c’est d’abord son étiquette « jeunesse » tant celle-ci tombe sous le sens. Avant que les volumes futurs n’étoffent le monde des sorciers, il faut bien convenir de la relative simplicité dans l’univers, et l’écriture, de l’auteure : avec Poudlard comme figure de proue, le sommet de l’iceberg ici introduit est certes enchantant, mais pétri de menues facilités, allant de la narration survolant à grandes envolées saisons et scolarité aux détails frisant l’incohérence... bon enfant.
In fine, le plus grand challenge relevé par J. K. Rowling est peut-être de parvenir, contre vents et marées, à mettre son « Survivant » d’un bout à l’autre au cœur de l’action, quitte à contrevenir au bon sens. Les adultes compétents oscillent ainsi entre bâtons dans les roues et champ libre accordé, tandis que le potentiel insondable que revêt la sorcellerie est usé avec une parcimonie arrangeante. Pour autant, difficile de réellement tenir rigueur à The Philosopher’s Stone de procéder de la sorte, celui-ci posant des fondations on ne peut plus intrigantes : qui plus est, bien que cela nous soit désormais connu, le meilleur est justement encore à venir.
En attendant, ce premier roman demeure une petite excursion on ne peut plus sympathique à Poudlard, certes simpliste comme limitée mais passons : le principal est que nous y retournerons sans déplaisir, bien au contraire !