J’ai découvert Patrick Senécal avec Les Sept Jours du talion, qui a été un vrai coup de cœur pour moi, j’ai tout adoré de A à Z. Forcément, lorsque j’ai vu qu’il était présent au Livre sur les quais, je me suis empressée d’aller à son stand et lui demander conseil sur ma prochaine lecture. Il m’a donc présenté Hell.com, un livre qui, selon lui, est le « pire » qu’il ait écrit (dans le sens horreur, scènes poussées au plus loin de leurs vices, etc.) et que certains lecteurs avaient même jugé insoutenable. Il ne m’en fallait pas plus pour me convaincre, et je n’ai pas fait long feu pour commencer mon voyage en enfer.
Daniel Saul est un homme d’affaires à la tête d’une entreprise immobilière florissante. Milliardaire, il fait partie de cette toute petite frange de la population qui peut dépenser sans compter pour contenter toutes ses envies. Un jour, un de ses anciens camarades de classe, Martin Charron croise son chemin. L’homme est bien différent du souvenir de Daniel et c’est lui qui va l’initier à Hell.com, un site Internet sur lequel tout, je dis bien tout, est possible, si tant est que l’on soit inscrit et qu’on ait les moyens…
Les premiers chapitres commencent en douceur pour présenter les personnages, et progressivement, on suit Daniel dans sa découverte de Hell.com et l’on peut dire de sa lente descente aux enfers. Je ne pense pas que l’on puisse réellement parler de suspense, mais plutôt d’une ambiance pesante et d’une tension constante au fil des pages, qui font que l’on ne peut qu’à regret faire une pause dans sa lecture. Hell.com m’a tellement captivée qu’en à peine deux jours je l’avais achevé, un vrai régal.
Le thème choisi est absolument fascinant et tout à fait d’actualité. Rapidement, on se rend compte qu’avec de l’argent et le Dieu Internet, insaisissable et omniprésent, rien n’est impossible. J’en ai eu des frissons, car ce qui est décrit dans ce roman est probablement plus proche de la réalité que ce que l’on peut imaginer de prime abord. Toutes sortes de réseaux y pullulent, les offres pour assouvir tous les besoins et contenter toutes les envies foisonnent pour qui sait où chercher. Bien sûr, l’auteur prend plaisir à taper plus fort, à aller plus loin dans l’horreur, à présenter les pires vices ainsi que les déviances humaines les plus ignobles, mais quand on y réfléchit sérieusement, où commence la fiction ? Je crois que c’est cet élément qui m’a le plus terrifiée, j’ignore si tout cela existe, mais tout est parfaitement plausible. C’est troublant, et j’ai adoré.
Je suppose qu’il faut à ce moment-là prévenir les âmes sensibles de s’abstenir, il y a certaines scènes très poussées, notamment quelques-unes à caractères sexuels où les descriptions autant de l’acte que des déviances sont très crues. Bon, il en faut plus pour me choquer, je m’attendais à pire, je crois même qu’à certains moments, j’espérais pire ; je crois qu’à l’instar de Daniel, mon âme brûle déjà en enfer, hahaha. (Bon, que dans mes lectures, je précise tout de même.) Toutes ces scènes servent leur propos, et même si mes standards de l’acte amoureux sont bien différents, je n’ai pas été plus choquée que ça des perversions de certains.
Vous imaginez bien que l’auteur ne s’arrête pas à la description de quelques excentricités sexuelles, et dépeint les déviances de l’homme sous toutes ses coutures, et plus on avance, plus l’horreur s’installe, une horreur permanente, si proche qu’on pourrait la toucher en tendant la main. L’ambiance malsaine à souhait est parfaitement maîtrisée de la première à la dernière page et elle a su autant me captiver que me ravir. En bref, un livre diaboliquement génial que je recommande vivement à qui n’est pas choqué par une écriture un peu crue qui dépeint à la perfection tous les vices et possibilités qu’Internet met à notre disposition, à portée de clic…