Hell's Angels par Pelomar
Je l'avoue avec une certaine honte : Las Vegas Parano m'a un peu fait chier. J'ai pas trouvé ça naze, j'ai juste pas réussi à comprendre ou l'auteur voulait en venir (et oui, je me doute de la réponse: nulle part. Mais quand même).
Si l'on retrouve la narration caractéristique de Hunter Thompson, Hell's Angels n'a pas grand chose a voir avec l'oeuvre qui rendra l'ami Thompson célèbre dans le monde entier. On est en face d'un vrai travail journalistique, malgré son caractère ultra subjectif et ses méthodes douteuses.
L'auteur a donc suivi pendant un an les fameux Hell's Angels, un gang de motard californien surtout connu dans nos vertes contrées pour avoir massacré un hippie pendant un concert des Rolling Stones (On ne fera pas de commentaire sur ce qui a bien pu passer par la tête des Rolling Stones pour recruter un gang de motard connu pour régler les problèmes a coup de chaines de moto comme service de sécurité). Quand l'auteur commence son enquête, les Hell's Angels sont vaguement craint, mais surtout inconnus. Mais une affaire de prétendu viol pendant une "virée" (quand tout les Angels se retrouvent dans un patelin pour se biturer comme des blindés) en1965 va les mettre sur le devant de la scène médiatique, faisant exploser leur aura dans tout les Etats-Unis.
La façon dont les Angels réagissent a cette soudaine célébrité est un des points centraux du livre, l'auteur ne cessant de souligner le paradoxe entre un groupe de personnes soit disant marginaux, mais qui trouvent pourtant un grand plaisir a se retrouver sous les feux de la rampe et qui tentent d'utiliser cette soudaine (et brève) célébrité a leur profit.
Sinon, c'est une plongée foutrement intéressante dans un univers complètement barré et pourtant bien réel. Une plongée blindée de paradoxes, entre la parano complètement exagéré et encouragé par les médias à l'encontre de "hordes de fous motorisés qui massacrent tout sur leur passage", et la violence bien réel de motards qui n'hésitent pas a s'y mettre a dix pour massacrer un barman qui ne veut pas leur payer une tournée. Des types qui se droguent, qui cognent, qui violent parfois, des marginaux qui se complaisent dans leur statut de rebut de la société.
C'est très bien écrit, bourré d'anecdotes et de péripéties complètement folles, subjectif mais en même temps jamais critique : Thompson s'interroge beaucoup, critique un peu tout le monde (Angels compris) mais ne juge jamais vraiment. Bref, c'est du bon boulot.