L’histoire-géographie comme un divertissement
Après son Métronome où il nous avait proposé une histoire de Paris au travers de son métro, Lorànt Deutsch ne nous présente rien de moins qu’une histoire de France au travers de ses routes dans cet Hexagone. Une histoire et non l’histoire, les termes sont volontairement choisis, car même un historien serait bien présomptueux en nous parlant de l’Histoire. Les éclairages et les controverses sont multiples en cette matière et il convient de garder une certaine distance.
Toujours est-il que l’auteur se caractérise une fois encore par une approche originale du fait historique. Une route, un siècle et nous tenons un chapitre que ponctuent des encadrés en italiques qui nous renvoient vers les vestiges des lieux décrits. Sur les routes romaines, la France s’est construite. Sans ces routes, son histoire se serait écrite de façon bien différente. Il ne faut cependant pas s'attendre à trouver une nouvelle vision de l’histoire de France, juste quelques anecdotes rendent la lecture plus agréable.
Je n’entrerai pas dans la polémique véhiculée par d’obscurs historiens de gauche, et le passage sur Charles Martel m’a laissé indifférent comme le reste de l’ouvrage, au demeurant. En effet, on peut reprocher à Lorànt Deutsch des expressions malheureuses. Un exemple ? Parler des Vikings comme de « pirates du Nord » a de quoi faire bondir les spécialistes de cette civilisation, experts dont je connais la passion pour ces peuples. De la vulgarisation, l’auteur passe à la trivialité et ce n’est jamais bon pour un ouvrage de ce type.
Je lui reprocherais également l’aspect trop littéraire de certains passages. La figure de style n’est peut-être pas le choix le plus heureux pour un ouvrage de vulgarisation historique. Il n’y a rien de romantique dans les faits historiques, pas plus que dans les faits divers, mais l’auteur ne peut s’empêcher de produire de belles tournures.
Démarrant de la haute Antiquité avec la mythique voie hérakléenne, nous partons pour un périple qui commence au Vème siècle av. J.-C. et qui nous fait passer de ville en ville chaque siècle. Les deux derniers, ceux des temps modernes, voient le triomphe du chemin de fer sur la route qui reprendra cependant l’avantage à la toute fin de l’ouvrage. La conclusion est relativement légère au vu de l’ambition de l’auteur, d’autant que la bibliographie qui y est rattachée comporte des noms prestigieux. A mon avis, ce document est divertissant et répond à l’attente d’un public voulant se distraire, mais ne s’adresse pas à des amateurs éclairés de l’histoire.