Non
Pourquoi pas " Auschwitz mon loulou " ?
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le 2 janv. 2017
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[LE COMMENCEMENT C'EST PAR-LA]
Le projet de Duras se soumet alors à une relation "conflictuelle avec le cinéma [...] Ces films font primer la diction sur l'action et la bande-son sur l'image, [...] relevant autant du manifeste pour un cinéma expérimental que du pamphlet contre le cinéma commercial, [...] puisque c'est dans l'écriture et sa prolifération illimitée d'images que réside selon elle le cinéma."
Également, "ce qu'elle tente de faire au cinéma, continûment à l'oeuvre écrite, c'est de ne pas réduire de possibles, mais au contraire de les amplifier" (Maïté Snauwaert, professeur en littérature, spécialiste de l'oeuvre de M.Duras) C'est au lecteur et spectateur de remplacer ce qu'il voit par son propre film intérieur.
Nous pensons notamment à la fameuse ligne de dialogues ouvrant l'incipit:
"-Tu n'as rien vu à Hiroshima ; rien.
-J'ai tout vu à Hiroshima ; tout.
-Non, tu n'as rien vu à Hiroshima"
L'affirmation de la femme est minée par la contradiction de son interlocuteur. C'est ce qui faudra entendre de nouveau dans les assertions de Duras prétendant avoir vu le crime alors qu'elle se trouvait alors à Nevers. Elle ne voit pas au premier degré, mais montre un signe d'empathie et de mémoire: l'identification d'un autre vécu. Effectivement, c'est depuis Nevers que la Française voit Hiroshima, mais songe à ce qu'elle a vu ailleurs et avant au cours de sa vie.
Chaque plan-séquence présentant la ville pulvérisée ou encore les souvenirs nivernais de la narratrice est sublimé par des mouvements de caméra précis, en adéquation avec la clairvoyance de ses souvenirs.
Symboliquement très fort, cette oeuvre invite à des réflexions, très actuelles, sur la considération de l'Homme au coeur de la société en plein chaos, en particulier sa psychologie face à la mort et la solitude. Nous assistons à un véritable dialogue poétique face à l'inexprimable, soulignant le profond silence de la mort face à la barbarie humaine à son apogée, dans laquelle les hommes ne sont plus des hommes
"Ça n'existe pas, ni le temps de vivre ni le temps de mourir"
Alain Resnais réussit à donner vie et beauté au scénario poétique de Duras, au titre éloquent par le symbolisme diffus du récit. Analogue entre la ville d'origine des deux protagonistes, associée aux souvenirs de chacun, cette métonymie si surprenante qu'est Hiroshima mon amour démontre que notre identité repose sur nos souvenirs, même si ceux-ci finiront par s'effacer.
Néanmoins, selon le film, il n'est jamais question de mettre en balance l'explosion de la bombe et le drame de Nevers. On met en opposition le côté immense, énorme fantastique de Hiroshima et la minuscule petite histoire de Nevers renvoyée à travers le récit des amants à Hiroshima, semble dire Duras.
Ce titre résulte d'un traitement poignant de la femme (Riva), qui apprend finalement à dominer son passé ; au lieu de la retenir, celui-ci donne une fraîcheur plus réaliste au personnage, ce qui fascine le Japonais dans cette acceptation-là.
"Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde
que présente le monde quelquefois ;
sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable"
À la fin du film, chacun des personnages retournera à son conjoint respectif. Elle, finit par retrouver le goût de l'amour interdit, en redevenant disponible.
Enfin, grâce au mariage des dialogues à la bande originale récurrente de Georges Delerue et Giovanni Fusco, le film prolonge les impressions visuelles, au point de devenir aussi éloquente que les mots de Duras. Austère, la musique accentue les sous-entendus psychologiques des personnages.
D'un art à un autre, Hiroshima, mon amour peut-être considéré comme l'apnée de l'art durassien. Si au cours de la découverte, l'oeuvre décontenance par son rythme et sa mise en scène provenant d'un autre cinéma, nul ne reste de marbre devant, aussi bien que la gestion du temps agace ou émeut. Du fait de la constante émotion et de son contexte de création atypique, Resnais adapte à son aise la retranscription des désordre de la guerre dans son adaptation filmique des plus fidèles qui annoncera l'une des carrières les plus singulières du cinéma français classique.
Sources :
-Pages web:
*https://www.margueriteduras.org/
*https://www.senscritique.com/film/Hiroshima_mon_amour/439319
*https://www.senscritique.com/livre/Hiroshima_mon_amour/253320
-Ouvrages:
*Collectif, Hiroshima mon amour (DVD), brochure, 2004, Arte Video
*DELEAS Josette & CAUVILLE Joëlle, Fragments orphiques dans Hiroshima mon amour de Marguerite Duras et d'Alain Resnais, 2007 (article de périodique en ligne https://www-erudit-org.ezproxy.univ-paris3.fr/fr/revues/cine/1999-v9-n2-3-cine1879/024792ar/)
*DURAS Marguerite, Marguerite Duras et le cinéma: Les Yeux verts, CHAPITRE, 2014, Cahiers du Cinéma (monographie)
*SCHNEIDER Steven Jay, 1001 films à voir avant de mourir- Onzième édition, page 352, 2018, Omnibus (usuel)
*SNAUWAERT Maïté, Duras et le cinéma, Prologue: Une poétique de la récitation, 2018, Nouvelles éditions place (monographie)
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Créée
le 18 déc. 2020
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