Lorsque Yacine recueille celui qu'il nommera Kena, il a bien conscience de le condamner à une vie soumise aux soins des hommes. Mais que pouvait-il faire d'autre pour ce lionceau orphelin? Au fil des pages, nous suivrons le destin hors du commun de Kena (rebaptisé Personne) et son indissociable ami le chien Hercule qui côtoieront tour à tour la bonté et la cruauté des êtres de notre espèce.
Ce roman, en parallèle d'être l'histoire du lion Personne nous conte l'histoire des hommes dans leurs efforts pour conquérir une liberté dont l'humanité elle-même les a privé. Reprochant parfois au lion, son statut de "roi des animaux" qu'elle lui a arbitrairement attribué, la société humaine apparaît pourtant d'une autorité suprême sur tous les êtres vivants digne des monarques qu'elle abhorre. En refermant le livre, il nous reste une envie, celle de s'éloigner de la folie des hommes tel Adal (qui porte en lui autant d'amour que de sagesse) tout en ayant l'atroce conscience que nous en faisons partie.
S'il est impossible d'en ressortir indifférent, je déplore malgré tout plusieurs choses. La première c'est qu'a priori je m'attendais à suivre cette épopée aux côtés de Personne. Or, si c'est partiellement le cas, nous sommes le plus souvent les compagnons de voyages des humains qui l'entourent ce qui a pour conséquence de nous tenir finalement très éloignés de lui durant les 14 premiers chapitres. Ce parti pris n'est bien sûr pas dénué d'intérêt puisqu'il a le mérite de nous confronter au contexte historique et social de cette période. Cependant, pas assumé jusqu'au bout, il ne fait que le survoler laissant le lecteur tiraillé entre le sentiment d'être tenu à distance du lion et celui de n'avoir pas assez approfondi les sentiments humains et les événements historiques qui parsèment et conditionnent sa destinée et celle d'Hercule. Quelques phrases bien longues aux multiples virgules ont également un peu cassé le rythme de ma lecture, néanmoins ce livre reste un bon roman touchant et émouvant qui devrait convenir à tous les amoureux d'animaux et de liberté parmi lesquels j'aime à me compter.