Corneille fait du Racine.
Horace est peut-être la tragédie de Corneille la plus racinienne ; j'aime Racine, j'aime bien moins Corneille.
Peu de personnages pour une tragédie classique, mais le nœud est tout ce qu'il y a de plus clair. Sabine, sœur de Curiace, aime Horace qui doit tuer son frère ; Camille, sœur de Horace, aime Curiace qui doit tuer son frère. Ce combat symbolique, dernier moyen de trancher entre Rome et Albe, apportera une sorte de suspens facile et plaisant, comme si Corneille s'amusait à écrire du Racine. Un Andromaque, pour le lien entre l'amour et le politique, un Phèdre, pour la pitié des héros, leur propension à s'enfermer sur leur désespoir, pour le rôle des femmes, un Mithridate, pour le mensonge et le suicide, qu'il soit accepté ou avorté.
Qui tuera qui ? Que s'est-il vraiment passé ? Camille et Sabine surmonteront elles l'issue du combat entre amants et frères ? Corneille n'a-t-il pas eu de difficulté à nommer le père et le fils par le nom de Horace ? Le lecteur se laissera-t-il emporter par la monotonie excessive du vers cornélien, qui tente, par des longues tirades, de faire preuve de violence et de passions plus tragiques que d'habitude ? Vous le saurez au prochain objet de mon ressentiment.