La poésie a toujours été ma came, comme un cuisinier arrange les goûts pour faire un plat, un peintre arrange les couleurs pour peindre, un poète regarde la vie dans les yeux et en extrait toute sa substance avec honnêteté et un cœur ouvert.
Je suis assis là à côté de la cabane de Jerry le fou et Allen Ginsberg est décédé hier, il y a 25 ans, un 5 avril à New York.
Écrire ce texte sur ce poème de l’écrivain américain me procure un grand plaisir aujourd’hui car c’est véritablement mon morceau de poésie préféré.
En introspection, je peux observer tous mes chemins remplis de la poésie de Ginsberg. Je me vois dans le manteau de douleur juvénile, béni par la souffrance de ma propre création. Je regarde devant, je regarde en arrière, ma précieuse route, et tout est parfaitement connecté. Les visions de Blake lors d’un hiver 1948, les photos de Frank, mon satori sur la montagne du Monte Tauro, dans la chaude brise d’été d’un après-midi sicilien, le labyrinthe de Tanger avec Von Verlangen, et pas seulement ça, mais le reste aussi. Ce long fleuve depuis les premiers hommes jusqu’à moi, de fraternité, de camaraderie, de quatre pèlerins hurlant dans les montagnes de Galice, comme des frères du Camino, réalisant les débuts de la grande prophétie des Clochards Célestes dans la chair, errant au cœur d’amour et souriant aux vieilles dames avec des ailes aux pieds, aimant Natalia, Paulina, Camilla, Andrea, Rita, Lisa, et tous les anges du chemin, de Mexico à Montréal en passant par San Francisco, Upbeat.
Ou cet autre jour lisant le poème aux zombies de la société, Tristan, ange blond surdoué, Laurent, mon Cassady, étoile filante aux mille merveilles, Livio, géniale Apollon de Mauguio, Aldo, pur gardien de la vérité en silence, Swann, mon Solomon, le prestige, Kevin, sacré, cher fils de Bacchus entre ses frères, tous ivres, tous remplis de l’eau de feu venimeuse de l’humanité primitive, et moi aussi, Kerouac avec une machine à écrire cassée, attendant au bord d’une route déserte le lieu et la formule d’Arthur Rimbaud.
Ce qu’Allen Ginsberg a fait avec ce poème, autorisé légalement en 1957 par la justice américaine après un procès pour obscénité, a été un pas vers plus d’inclusivité, plus d’honnêteté et de franchise. Que vous viviez plutôt dans l’Upper East Side ou dans le Bronx, que vous aimiez plutôt les hommes ou les femmes, que vous soyez un afro-américain ou un juif fraîchement débarqué d’Ukraine, permettant à chacun d’être fidèle à lui-même et non esclave de la dissimulation.
La liberté offerte par ce Cri Sacré s’adresse à chaque génération et à chaque homme et femme. Par celui ci, j’ai embrassé toutes les voies et vécu dans le paradoxe, trouvant ma vérité au plus profond de moi dans les contradictions de la grande dichotomie divine.
Je t’aime Allen, merci pour l’inspiration, merci aux fous dans les cabanes en bois, Dieu déguisé marchant en maîtres dans ce jardin d’Amour infini.
3 points positifs:
- Le rythme du cœur.
- L’honnêteté.
- Le sacrement de ce qui est.