Kevin et Arthur se rencontrent pendant leurs études. Kevin, fils d'ouvriers, monte une startup de lombricompostage qui a du succès dès qu'il s'associe à la fille d'un dirigeant de L'Oréal. Arthur, fils d'avocat, récupère la ferme familiale pour mettre en pratique ses recherches sur les lombrics, mais il échoue lamentablement. On suit leur parcours croisés à travers différents milieux : les étudiants parisiens, les villageois de la campagne normande, les investisseurs californiens et les soirées des youngs leaders (dont l'auteur fait partie et dans lesquelles il se met en scène).
Chaque personnage est un concentré de clichés simplistes : les riches sont naturellement riches, les enfants de riches sont des militants stupides avec des piercing, les pauvres sentent l'oignon frit et les femmes sont mues par des pulsions sexuelles incontrôlées. L'organisation sociale et les rapports de domination sont naturalisés, par contre, toute forme d'engagement, de politisation ou de contestation est systématiquement ridiculisé. L'auteur, M. Kœnig, bourgeois de Neuilly imprégné d'idéologie réactionnaire, déroule son récit avec surplomb et s'épanche particulièrement sur les mondanités avec un air satisfait, glissant de temps en temps son avis sur un restaurant de la rive gauche.
Le livre se conclu par une révolte d'écologistes, donc dogmatiques et idiots, violemment réprimée par l'armée. Ouf! vive la liberté, à condition que chacun reste bien à sa place. Les gauchistes sont morts, Kevin-le-prolo se fait éjecter de sa startup et le business continue. Et les arbres pousseront indifférents aux activités humaines dans un monde immuable.
L'auteur est effrayé, non par la crise écologique, totalement absente du livre et carrément niée par cette conclusion, mais par la remise en question de l'ordre social et la violence que cela pourrait engendrer. Parler d'écologie, quand on est de droite, c'est uniquement dénigrer les écologistes. Caricatural, pénible et inutile.