The Hunger Games, c'est bien simple, je n'en avais strictement jamais entendu parler avant mars 2012 et la sortie en France du film basé sur le premier livre de la trilogie de Suzanne Collins (sorti en 2008). La force du matraquage marketing à coups d'affiches du film placardées un peu partout dans le métro parisien en mars dernier a ainsi eu raison de moi et j'ai donc fini par m'y intéresser. Présenté comme un mix entre Running Man, Rollerball et autres films post-apocalyptiques tournant autour d'un jeu télévisé plus ou moins cruel, je me suis dit que ça pouvait valoir le coup d'y jeter un oeil... même s'il s'agit plutôt à base d'un livre marketé pour (pré-)adolescents (qui, comme Harry Potter, a réussi progressivement à élargir sa base de lecteurs). J'ai donc succombé aux sirènes consuméristes et avant de voir plus tard le film, je me suis donc résolu à acheter la trilogie en livres. C'est du premier tome (The Hunger Games) dont il s'agit ici.


Après avoir dévoré les 450 pages du livre en VO en à peine 3 semaines, j'avoue avoir un peu de mal à évaluer The Hunger Games à sa juste valeur. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'on ne peut lui retirer une qualité indéniable : on a bien entre les mains ce que les anglo-saxons appellent un véritable « page-turner ». Le roman entre en effet clairement dans la catégorie des livres qu'on n'a plus envie de lâcher une fois les premières pages découvertes tant l'ensemble est particulièrement rythmé et tant la curiosité nous pousse à rester scotché aux péripéties de Katniss dans l'arène, tel le spectateur lambda de Panem rivé derrière son écran de télévision. Ceux qui auraient aimé un joli prologue décrivant le pourquoi du comment de ce monde post-apocalyptique (qui a vu l'Amérique du Nord devenir Panem avec sa capitale centrale et les 12 Districts du territoire) et de ce gouvernement quasi-totalitaire seront certes un peu déçus tant les préliminaires sont expédiés en quelques pages. Ainsi, la scène du tirage au sort avec le "reaping" annuel désignant les 24 "Tributes" -un garçon et une fille de 12 à 18 ans de chaque District- où Katniss se porte volontaire pour remplacer sa petite soeur Prim... intervient moins de 30 pages après le début du roman. Néanmoins, cela donne une idée du tempo que Suzanne Collins imprime à la suite de son récit. Vous voilà donc très vite à suivre le sort de Katniss Everdeen et de Peeta Mellark à la veille de la 74ème édition des Hunger Games annuels. Tout s'enchaîne ensuite très vite de l'entraînement au Capitol jusqu'aux Jeux en eux-mêmes dans l'arène naturelle choisie par les Gamemakers pour voir s'affronter à mort les 24 Tributes jusqu'au dernier survivant. Il n'y a pas à dire, c'est efficace, bien rythmé (à part une séquence un peu longuette peu avant la fin des Jeux) et on dévore véritablement le livre d'une traite.

Ça c'était pour le côté très positif. Maintenant, il n'en reste pas moins que l'ensemble porte les stigmates de sa ligne éditoriale (à savoir un roman pour ados et pré-ados). En premier lieu, ceux qui s'attendaient à une débauche de violence (tant le concept même du jeu s'y prêtait) en seront pour leurs frais. Hormis la séquence finale (dont la violence est revêtue d'un voile pour le moins pudique), on ne peut pas dire que les morts soient spectaculaires (ce n'est pas Saw... très très loin s'en faut) : des piqûres de guêpe par-ci, des empoisonnements par-là, quelques petits affrontements à l'arme blanche... mais pas grand-chose de plus. En second lieu, l'ensemble est assez manichéen avec les méchantes autorités du Capitol d'un côté (la description du contexte politique demeurant au surplus particulièrement évasive et anémique) ou encore les vilains Careers Tributes (ces candidats entraînés à survivre depuis l'enfance dans l'hypothèse où ils seraient un jour tirés au sort pour participer aux Hunger Games et représenter leur District)... et le « couple » Katniss / Peeta de l'autre qui rêve de rébellion et souhaite d'une manière ou d'une autre renverser l'ordre établi. Et que dire de Katniss qui du haut de ses seize ans, de son intelligence et de son instinct de survie ultra-développé... a néanmoins une maturité émotionnelle digne d'une gamine de 10 ans à l'égard de Gale et Peeta (ce ne sont que des amis ? come on... on n'y croit pas une seconde dès les premières pages du roman !). Son côté gnangnan finit par être simplement exaspérant. Idem pour les petits passages moralisateurs très « Bayard Presse » dans l'esprit (« en unissant nos forces et nos compétences, on sera plus fort », « être fort comme un bœuf ne suffit pas, il faut aussi faire preuve d'intelligence », ben voyons...)... mais qui sont heureusement très courts et plutôt discrets dans l'ensemble. On passera enfin sur quelques incohérences, à l'image de ce final des Jeux « WTF » dont on se demande comment personne n'a pu y penser auparavant lors des 73 éditions précédentes...

Néanmoins, comme dit plus haut, le rythme effréné de l'histoire rend néanmoins le récit palpitant (a fortiori avec un twist bien senti -très Koh-Lanta dans l'esprit- au niveau des règles du jeu). De plus, le second degré de lecture qui découle de la stratégie mise en place par Haymitch (le mentor et préparateur de Katniss et Peeta, les deux Tributes du District 12) pour séduire les sponsors et les téléspectateurs de Panem crée un véritable « mind-game » entre les différents protagonistes d'une part, et les lecteurs et téléspectateurs d'autre part, rend la mièvre romance entre Katniss et Peeta beaucoup plus intéressante à suivre qu'il n'y paraît à première vue. Au final, si The Hunger Games a les défauts des romans qui peuvent s'adresser à son public cible, il dispose néanmoins de qualités très solides pour plaire à tous les publics et les scotcher au récit jusqu'à la dernière page du livre en vue de découvrir le dénouement de ces 74ème Hunger Games.


Bien sûr, une fois la dernière page dévorée, on ne peut que redouter que les deux tomes suivants (Catching Fire et Mockingjay) perdront largement en simplicité et donc en intensité. On ne peut par la même occasion s'empêcher de penser qu'un ouvrage unique se serait sans doute suffit à lui-même, quitte à développer les événements découlant du final des Jeux dans un long épilogue. Mais on accordera à Suzanne Collins le bénéfice du doute, d'autant qu'on ne juge ici que The Hunger Games, soit le premier tome de la trilogie, qui, en l'état, en dépit de certains désagréments agaçants, reste un livre sacrément efficace. Un très bon livre de plage, à n'en pas douter... qui m'a donné une furieuse envie de voir comment tout ceci a pu être transposé à l'écran tant l'écriture et le rythme du livre restent à la base très cinématographiques. Une réussite.
marchiavel
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le 25 juin 2012

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marchiavel

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