La série Hunger Games a, pour moi, tous les ingrédients non seulement pour une bonne fiction dystopienne, mais pour un bon livre tout court. Un univers cohérent et bien pensé, un scénario addictif, des personnages profonds et touchants, et des éléments discrets de critique de notre société, qui nous font réfléchir après avoir lu la dernière page du livre...
Bien que ce soit un livre pour "jeunes adultes", je pense qu'il est agréable à lire à n'importe quel âge. Non seulement l'univers dystopien est très bien pensé et cohérent, mais l'histoire est équilibrée entre de l'action, la découverte de l'univers et du contexte, les éléments de surprise et le développement des personnages. En parlant de personnages, ils sont travaillés, gagnant en profondeur au fur et à mesure de l'histoire, dévoilant leur personnalité et leur psychologie. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la manière dont l'auteur parvient à nous inviter dans l'esprit de Katniss alors qu'elle vit l'expérience traumatisante d'être envoyée dans une arène pour s'entre-tuer avec d'autres adolescents.
Hunger Games se situe dans un futur proche. Il n'y a pas de précision temporelle, mais on peut imaginer dans quelques siècles. Notre civilisation s'est effondrée après des changements climatiques et des guerres incessantes autour des dernières ressources disponibles, et une nouvelle société s'est organisée sur le continent Américain. Le Capitole est un futur de nos métropoles: technologie, mode, amusement télévisuel, et une consommation abondante. Les districts vivent en revanche dans des conditions d'extrême pauvreté, et travaillent à tout produire pour le Capitole: vêtements, produits électroniques, agriculture, charbon... et doivent soumettre leurs enfants à la peur d'être envoyés à la mort des Jeux depuis leurs 12 ans pendant six années.
C'est dans ce contexte que commence l'histoire du premier livre des Hunger Games. Dans le district 12, c'est le jour de la moisson: une célébration forcée durant laquelle le garçon et la fille candidats pour les Hunger Games sont tirés au sort. On voit le monde à travers les yeux de Katniss Everdeen, une jeune fille de 16 ans, qui se retrouve candidate pour les 74èmes Hunger Games. Raconté à la première personne, le récit nous emmène dans ce voyage terrifiant, des paillettes et robes de haute couture de plateaux télévisés jusqu'à sa probable condamnation à mort dans l'arène des Jeux.
Le personnage principal, Katniss, n'est ni le stéréotype de la jeune fille qui ne pense qu'à l'amour et aux cancans, ni l'héroïne parfaite qui obtient tout ce qu'elle veut. Elle est complexe, à la fois forte et extrêmement fragile, dévouée à sa famille mais très égocentrée. Sa psychologie et les effets des Jeux sont vraiment bien transcrits, si réels que le lecteur a en quelque sorte l'impression d'être affecté par son expérience, comme si nous étions dans l'arène avec elle.
Un personnage principal si réussi ne peut que faire une bonne lecture, surtout que l'histoire est racontée à la première personne. Bien sûr, il y a quelques couacs ("Mais pourquoi pense-t-elle ça? Elle ne voit pas ce qui se passe?") mais globalement c'est une belle réussite.
les personnages secondaires sont également très bien pensés dans ce livre. Nous nous attachons à Primrose (la soeur de Katniss), Peeta (le garçon candidat du district 12), Haymitch (un gagnant d'un ancien Jeu), Cinna (le styliste de Katniss) et de tous les autres au fur et à mesure que Katniss apprend à les connaître. Nous découvrons leurs personnalités au fur et à mesure des évènements, intéressés d'en savoir plus sur leurs secrets, leurs sentiments... En un mot, les personnages, principaux ou secondaires, même les "méchants", sont si bien décrits et exploités qu'ils prennent vie dans l'imagination du lecteur, et, dans mon cas, ils sont l'une des raisons pour lesquelles j'ai été tant absorbée par cette lecture.
Ce premier tome est une belle entrée en matière dans cet univers dystopique, il permet à la fois d'avoir un sentiment de "fin", puisque l'ensemble des "jeux" y est décrit, sans terminer en queue de poisson, ou "au bord d'une falaise" comme diraient les Britanniques. Mais il donne également envie de lire la suite, que j'ai dévorée en quelques jours à peine.