Je ne suis pas un grand lecteur de polar mais je commence à m'y intéresser, et après ma lecture de La Vallée de Bernard Minier je voulais me diriger vers cette cuvée 2020 de Franck Thillez portée au nues par la critique. Si les deux ouvrages partagent des points communs dans leur traitement des personnages voir dans la narration et restent plutôt sagement dans le cadre formel du roman policier se voulant proche de l'audiovisuel, ce "Il était deux fois" se révèle mieux écrit et un peu plus profond dans les thèmes abordés.
Si la disparition de la fille, les ruptures familiales et les liens entre les personnages ne se révèleront pas plus originales que dans "La vallée", les motivations et les mystères des antagonistes se montrent quant à eux plus intrigants et mieux développés pour apporter, en plus d'une touche de noirceur dérangeante, un peu plus d'épaisseur à un scénario tout à fait convenu.
J'ai toujours du mal à reconnaître les potentielles qualités littéraires du genre policier, la faute à une superficialité dans l'écriture des personnages et de l'exposition de leurs sentiments ; mas cela ne m'empêche pas de me prendre au jeu de l'enquête quand le rythme est bon (ce qui est ici le cas... peut-être pas tout de long mais la majeure partie du récit) et que l'univers (les lieux, les enjeux, l’atmosphère...) capte mon attention. C'est ce que parvient à faire Thilliez. Même si certains éléments semblent en trop (les oiseaux) il sait happer le lecteur en donnant un aspect poisseux à son intrigue et finit en beauté son roman dans un festival de scènes peu ragoutantes.
"Il était deux fois" remplit donc son office de bon polar avec une enquête souvent effrénée et une ambiance noire. On lui pardonnera volontiers la facilité de la perte de mémoire qui perd en importance d'ailleurs au fil de la narration et qui ne gâche pas le plaisir de se laisser emmener sur les pas du gendarme Moscato.