Ilaria a 8 ans. Sa mère veut divorcer de son père, un homme violent et égocentrique qui ne l’entend pas de cette oreille. Il vient la chercher à la sortie de l’école et s’enfuit en Italie depuis la Suisse. Le roman raconte l’errance de ce père et sa fille depuis le point de vue de l’enfant. C’est un homme toxique comme il en existait un tas dans les années 1980 (alors qu’aujourd’hui c’est fini, bien entendu) et Ilaria le sait, à sa façon : il peut être fantasque, drôle et aimant (face), puis tout à coup cassant et violent (pile). Elle en a conscience, cherche à lui plaire, à ne surtout pas le fâcher. Trimballée de couvent en amis du père jusque chez la grand-mère, Ilaria apprend la vie et, aussi, paradoxalement, une forme de liberté.
L’écriture de Gabriella Zalapì est très délicate, douce, précise. Elle ne cherche pas à faire d’effets ou d’esbroufe avec du style. Je ne l’avais jamais lue mais je crois me souvenir qu’un de ses livres précédents avait été conseillé par Michel Crépu au Masque et la Plume, et je vois bien les similitudes entre leurs écritures dépouillées. Après avoir lu Angot et consorts, on tremble devant la possibilité de l’inceste entrevue dans ce récit d’une enfant qui ne comprend rien mais perçoit tout. Il n’en sera rien. Ça ne m’a pas follement emballé (d’ailleurs je n’ai pas grand-chose à en dire, et le livre est assez court), mais la maîtrise littéraire de l’autrice est impressionnante. Voilà une écrivaine à suivre.