Puisque Stephen King aurait qualifié "Ils vivent la nuit" de "Parrain pour ceux qui savent penser", moi qui n'ai jamais lu le best seller de Puzo (les films sont si beaux !), je ne saurai comparer et surtout pas me prétendre "intelligent" pour autant ! Il est vrai néanmoins que nous sommes ici assez loin des thrillers tendus et profonds les plus célèbres de Lehane, plutôt dans le récit-fleuve d'une vie criminelle de Boston (le meilleur du livre, comme quoi les racines, ça compte ! ) à Cuba (la partie la moins intéressante, pétrie de bons sentiments et de paternalisme) en passant par Tampa (du meilleur et du moins bon...). Bourré d'action, de suspense et de violence, "Ils vivent la nuit" respecte en effet à la lettre tous les codes de la saga mafieuse, et c'est là sa principale limite : aucune surprise le long du parcours de Joe Coughlin, si ce n'est son improbable propension à tomber amoureux et à vouloir le bien de tout le monde, ce qui n'est pas très crédible pour un boss du crime organisé... Même la conclusion, sensée relativiser ce qu'on a lu auparavant et nous laisser avec un goût de cendres dans la bouche, est à la fois convenue et presque bâclée (voir le dernier chapitre d'une page, d'une maladresse qui tranche avec le savoir faire habituel de Lehane). Bon, soulignons quand même que le style fluide de Lehane, ainsi que la vigueur de nombreuses scènes d'action, font que la lecture de "Ils vivent la nuit" est très prenante, très agréable. C'est seulement qu'en le refermant, on sait bien qu'il ne laissera guère de traces dans notre mémoire.