Impossible réunit deux des thèmes favoris d'Erri De Luca, l'engagement et la montagne, soit deux façons, en consacrant sa vie à l'un, tout en gravissant l'autre, de démontrer son courage et sa fidélité à une "cause". Le livre, très court comme d'habitude chez l'auteur, est constitué d'un dialogue continu entre un jeune magistrat et un vieil activiste des années 70, le second étant suspecté par le premier d'avoir poussé un ancien compagnon de lutte, qui a trahi, dans un ravin. Ce duel à fleurets mouchetés et intergénérationnel n'est interrompu que par la transcription de lettres du prévenu à sa bien-aimée, dans lesquelles il commente les interrogatoires en cours. Inutile de dire qu'on ne saura jamais s'il est coupable car ce n'est définitivement pas le but de De Luca qui préfère, avec l'écriture délicate et subtile qu'on lui connait, poursuivre ses questionnements sur le sens des orientations d'une vie et des valeurs à respecter. La construction même du roman et son aspect philosophique lui donnent un certain air d'exercice de style, pas désagréable pour un sou, mais pas non plus continuellement passionnant. Il s'inscrit, en tous cas, parfaitement dans la continuité d'une œuvre, dont la qualité et l'exigence séduisent un nombre de lecteurs de plus en plus étendu.