Court roman d'Erri de Luca, impossible est formé principalement d'entretiens entre un magistrat et un suspect en détention provisoire, et des lettres dudit suspect pour son amour (lointain, manifestement). A l'origine de la confrontation, une rencontre en montagne. Sur la vire, passage particulièrement périlleux, deux hommes se tenaient, peut-être en même temps, peut-être pas. Ce qui est sûr, c'est que l'un d'entre eux est tombé, et que l'autre a appelé les secours. Or ces deux hommes se connaissaient. L'impossible du titre renvoie à cette coïncidence, à moins que ce n'en soit pas une.
Au fur et à mesure que les interrogations du magistrat avancent, se dévoile l'histoire de cet homme, engagé dans le parti communiste, ayant fait sa part de prison, et celle de sa supposée victime, un homme qui avait été son camarade, et même son ami, et qui s'est renié ensuite en donnant certains de ses camarades.
La construction est simple mais bien menée, et si parfois les interrogatoires paraissent un peu trop apprêtés, comme des dialogues théâtraux, après tout qu'importe, puisque c'est un roman ? Erri de Luca laisse également libre cours à son amour de la montagne, tout en retraçant non pas l'histoire, mais du moins l'atmosphère régnant parmi les membres du parti communiste italien. La structure, discussion entre un suspect et un magistrat convaincu de sa culpabilité, n'est pas sans rappeler celle de Garde à vue.
Je n'ai pas été très convaincu, pour ma part, par la conclusion, mais cela ne gâche pas la qualité de ce roman.