Je peux officiellement affirmer que j'ai une préférence pour les livres impliquant de profonde exploration émotionnelle, en particulier ceux où des enfants entreprennent un voyage pour comprendre le passé et les motivations de leurs parents, découvrant finalement les raisons de leur dégradation morale ou de leur absence.
Dans la pièce "Incendies" de Wajdi Mouawad, chaque personnage joue un rôle distinct dans le récit qui se déroule. Nawal entreprend un voyage pour retrouver son fils perdu, Sawda cherche à venger son peuple, et Jeanne tente de reconstituer le puzzle de son passé. La quête de chacune de ces femmes se mêle à des questions plus larges sur l'identité, la perte et le poids de la mémoire.
La pièce plonge dans la violence inimaginable de la guerre, donnant la parole aux femmes qui ont enduré ces épreuves terrifiantes. À travers leurs histoires, on voit comment des individus issus de communautés anciennes et rurales, souvent analphabètes, sont poussés à "oublier" des souvenirs douloureux ou dangereux. Par exemple, Nawal est incitée à abandonner son enfant, tandis que Sawda est contrainte d'oublier les événements traumatisants dans sa ville. Il faut tourner la page, le temps guérit toutes les blessures.
Ces forces de répression soulèvent des questions sur la mémoire, la survie et les choix que nous faisons face à un traumatisme inimaginable.
Ce que je trouve le plus captivant, c'est la manière dont la pièce aborde progressivement ces crises existentielles. Cela crée finalement un contraste entre les personnages : le voyage de Nawal consiste à apprendre à lire et à écrire, ce qui lui permet de redécouvrir le sens de sa vie. Tandis que Jeanne, bien qu'analphabète, reste perdue. La pièce tourne autour d'une question centrale : "Qui suis-je ?"
La quête des origines, où chaque personnage entreprend un voyage difficile pour trouver la pièce manquante à leur existence. Le fardeau de Nawal est particulièrement palpable, sa douleur, ses regrets et son sentiment accablant d'échec. Son ressentiment face au silence imposé par les autres dans son passé est devenu à la fois une forme d'évasion et presque un moyen de protestation. Souffrir en silence, l'absence de voix, c'est être entendu par tous ceux qui nous entourent. Les forçant à supporter le poids de la douleur non dite, à mettre des mots là où ils nous ont une fois été enlevés.
Il m'a fallu un certain temps pour parvenir à mettre cette critique en mots, et même maintenant, je ne pense pas qu'elle soit totalement complète. Wajdi Mouawad a un don pour communiquer des émotions profondes à travers des mots simples. J'ai hâte de découvrir plus de son travail.