Elle en pire
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Une célébrité déclinante a recours à un médicament du marché noir, une substance répliquant les cellules, créant temporairement une version plus jeune et plus attrayante d’elle-même.
Ironiquement, alors que ce film a remporté le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 2024, la substance elle-même semble éclipser le film, qui manque véritablement en profondeur. Selon n’importe quel dictionnaire, la satire utilise l’humour, l’ironie, l’exagération ou le ridicule pour exposer et critiquer les vices ou les folies humaines, en particulier en ce qui concerne la politique contemporaine et les problèmes sociaux. Dans ce cas, le film aborde les normes de beauté et le vieillissement, réussissant à utiliser l’ironie et l’exagération tout en échouant à offrir une critique substantielle.
Le film privilégie le divertissement, emballant ses idées profondes dans un extérieur brillant avec un gros budget, des acteurs renommés livrant des performances solides et des effets spéciaux impressionnants. Pourtant, il offre peu de matière pour une réflexion critique, restant largement superficiel et évitant une exploration plus profonde de ses thèmes. Avec une durée de 2 heures et 20 minutes, il semble inutilement long, étirant son contenu minimal pour remplir le temps.
Le film s’adresse à un large public, offrant une prévisibilité qui frôle la tristesse, avec l’intrigue révélée dans les 30 premières minutes, ne laissant que peu de place au suspense, au développement des personnages ou à la construction du monde. Cela donne une expérience qu’on peut qualifier de lassante.
Le produit global semble une déception. Les scènes sont étendues à un point de frustration pour le spectateur, en particulier dans le deuxième acte avec la sexualisation de Sue et dans le troisième acte, lorsqu’apparait le Monstroelisasue, un nom qui manque de respect envers le personnage. Certaines scènes créent une déconnexion dérangeante, comme la prise de vue d'un palmier séparant la perspective d’Elisabeth de celle de Sue, qui aurait pu être exécutée de manière plus harmonieuse. Cette allongement suggère que l’exagération est le seul moyen de faire passer un message.
Ce rythme pourrait indiquer que le temps à l’écran de Sue et du monstre reflète l’attention publique qu’elles reçoivent, tandis qu’Elisabeth est à peine vue ou reconnue. Peut-être que la prise de vue du palmier annonce la fracture entre les deux personnages. Pourtant, lorsqu’un film dure aussi longtemps, il vise à transmettre un message ; on ne peut pas étirer des scènes pendant 2 heures 30 et simplement en rester là.
Bien qu’il ne livre pas de morale claire, le film tente de présenter des symboles subtils. Sous les grands thèmes et la production, il essaie de transmettre quelque chose de significatif, même si je me surprends à chercher une cohérence dans un récit qui semble embrouillé. Deux symboles importants ressortent : la réinterprétation religieuse de la naissance d’Ève, supposément née du dos d’Adam, et le rôle de la danseuse aérobique en tant que célébrité moderne, soulignant combien il est facile aujourd’hui d’acquérir de la célébrité avec un minimum d’effort. Il y a d’autres couches d’interprétation, comme les tenues répétées d’Elisabeth, y compris son manteau jaune, symbolisant une couleur joyeuse qui finit par contraster violemment avec ses sentiments et sa situation, tandis que Sue porte des vêtements plus variés et vibrants.
La scène de maquillage m’a profondément marquée ; elle parle de notre lutte collective contre la dysmorphie corporelle et les pressions sociétales autour de la perfection. Ces normes de beauté idéalisent une conception superficielle du bonheur, nourrissant les insécurités, mais cette scène cruciale n’est qu’un moment fugace du film.
Dès le début, il est clair que le film cherche à atteindre un certain effet de choc, fortement médiatisé mais manquant de profondeur. Pourtant, en y réfléchissant, je me surprends à apporter la complexité et la nuance qui auraient dû être inhérentes aux personnages et à l’histoire. Ce matériel thématique, surtout compte tenu de sa sensibilité, mérite d’être exploré avec respect et une véritable intention de sensibiliser. Au final, le film donne l’impression de vouloir être plus qu’il ne peut l’être, traitant le public comme s’il manquait d’intelligence tout en échouant à offrir une expérience substantielle.
Alors, si vous me demandez mon avis, je ne saurais quoi vous répondre.
Créée
le 19 nov. 2024
Critique lue 5 fois
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