Inconnu à cette adresse se résume strictement à un échange épistolaire entre deux amis et associés dans une affaires d'achat et vente de tableaux : Max, un juif américain d'origine allemande basé aux états unis et Martin, un allemand retourné vivre en Allemagne en 1932.
De leurs lettres transpire une estime réciproque, un intérêt sincère sur leur devenir et celui de leurs proches, la partie professionnelle de leurs échanges restant anecdotique. La montée en puissance d'un certain Adolf Hitler finit par devenir un sujet de discussions entre eux, d'abord serein, puis de plus en plus crispé jusqu'à...
Surtout ne pas éventer l'intrigue. Il faut bien garder à l'esprit en lisant cette nouvelle (30 à 40 minutes vous suffiront) qu'il a été écrit AVANT la seconde guerre mondiale et la mise au pilori des atrocités perpétrées par le régime nazi.
Ce roman est une claque, un témoignage réel du fait qu'on savait parfaitement ce qui se passait, qu'on s'en inquiétait certainement, mais qu'au final, on a laissé faire... Avec les conséquences qu'on connait. C'est aussi une écriture remarquable, dans la forme comme dans le fond, distillant avec justesse la détérioration inexorable des rapports entre les deux personnages.
Petit détail savoureux du monde de l'édition de l'époque, l'auteur Kathrine Taylor a du user du pseudonyme Kressmann Taylor (associant son nom de jeune fille et celui de son mari) afin d'être publiée car son mari comme son éditeur jugeaient que "cette histoire est trop forte pour avoir été écrite par une femme".
Un livre indispensable. A relire de temps en temps pour une piqûre de rappel.