J'ai découvert Pete Fromm en lisant le superbe recueil de nouvelles Avant la nuit. Indian Creek était mon troisième ouvrage de l'auteur après un Lucy in the sky touchant même s'il n'était pas exempt de défauts. Et déjà une constante s'impose : Pete Fromm trouve toujours le chemin de mon cœur et de mon âme.
Là où Indian Creek pourrait être un récit viriliste vantant les gros muscles du narrateur face à la nature inhospitalière, notre ranger au grand cœur choisit d'en faire un plaidoyer subtil, émouvant et sans fard pour les grands espaces et le sauvage.
D'étudiant citadin qui se fantasme grand trappeur, Pete Fromm bascule progressivement et avec délicatesse vers le statut de véritable homme des bois, de ceux qui se sentent mieux, entourés du feulement des pumas que du rugissement des moteurs.
Avec humour, autodérision - Pete Fromm n'a pas peur du ridicule et c'est ce qui donne toute sa force à son témoignage - et une grande sensibilité, l'auteur nous délivre le souvenir sincère de quelques mois en suspens pendant lesquels il accumule les erreurs, les doutes, les grandes joies, les peines sourdes, les errements, le désespoir et les amusements enfantins. Le style y est habité et très juste, au service de la déclaration d'amour de l'auteur à Indian Creek.
Loin des clichés à la Man vs Wild, ode à la nature sauvage et au rapport de l'homme à sa brutalité autant qu'à sa beauté, Indian Creek est un sublime moment de lecture, un instant suspendu d'un exotisme et d'un humanisme rafraichissants. Un livre incroyablement stimulant qui m'accompagne et m'accompagnera encore longtemps sur les chemins de ma campagne corrézienne.
Merci de m'avoir emmené là-bas Pete, merci de m'avoir montré Indian Creek, j'y étais avec Boone et toi, à chaque instant.