Bon, ben ça y est...c'est fini, je vais me sentir seule....
Indiana fut pour moi un compagnon idéal de mes dimanches et de mes soirées au coin de mon radiateur (= mon chat) .
Je regrette presque d'avoir sapé la fin en la lisant rapidement parce que je voulais aller vite et SAVOIR ce qui allait ENFIN advenir du destin de l'héroïne.
Au début du roman nous apprenons que Madame Delmare (Indiana) est mariée à un rustre ancien militaire, assez mauvais de caractère et très phallocrate...L'atmosphère qui se dégage de ce foyer est glaciale et Sir Raplh Brown son cousin est l'observateur, de loin, des relations électriques entre l'ancien colonel et sa femme. Ralph semble en bons termes avec M. Delmare si bien qu'Indiana se retrouve avec pour seule source de soutien sa chienne Ophélia (qui subit les mauvais traitements du maître) et Noun une domestique créole qui est aussi sa soeur de lait...jusqu'au jour où Raymon de Ramière (comprendre séducteur à cavalerie lourde) ramène sa fraise et sa main blessée.
Je ne voudrais pas trop vous en dire pour vous laisser les surprises que les écrivains romantiques du XIXe siècle savaient faire attendre et rendre plus fortes encore. J'ai poussé des cris à plusieurs reprises tant les rebondissements sont nombreux bien qu'ils fussent tous très attendus et découlaient tous de la logiques des événements. En fait, on prend parti dans ce roman, et c'est vraiment agréable de se sentir investi d'une mission de défense envers un personnage sur lequel tout semble s'abattre tragiquement et que nul aide vient secourir.
Je n'en dis pas plus car je ne voudrais pas gêner l'attachement ou non que vous pourriez avoir vis-à-vis de ces personnages.
Le plaisir de lire ce genre d’œuvre est intarissable non pas tant parce qu'on a accordé à Sand un pré-féminisme car elle dit elle-même dans sa préface que rien n'est calculé dans son livre, que tout a été écrit d'une traite (nous sommes d'ailleurs bien libres de la croire ou non ). Non, le plaisir est vraiment dans l'exact équilibre entre les descriptions et l'action. Rare fut l'ennui et que demander de plus! Après nous sommes libres de gloser...
Car bien sûr les lectures sont multiples autant qu'individuelles, j'y vois d'abord une histoire sentimentale décrite avec passion dans la variation des sentiments humains masculins et féminins. J'ai lu aussi un témoignage indirect de la vie aux colonies (on y retrouve de l'esprit de Paul et Virginie) et de ce que pouvaient être l'industrie et le marché qui en découlaient. Cependant la fin du roman permet au lecteur de succomber aussi à une lecture presque spirituelle.
Le roman traite des conventions sociales et de l'indépendance des êtres qui ne doivent se soumettre ni au joug religieux ni au joug social
"La société ne doit rien exiger de celui qui n’attend rien d’elle" dira l'un des personnages dans la conclusion
Indiana est le premier roman de George Sand, c'est un roman à lire et je regrette bien de ne l'avoir pas lu plus tôt. Je le recommande à tous ceux qui aiment : l'aventure, les sentiments, la délicatesse et les finesses du XIXe.
(le titre de ma critique trouve son explication dans les dernières lignes du roman).