Pourtant, tout avait si bien commencé... Sur ses premiers chapitres, il parle du Cinéma. On sent l'expérience, on sent la sagesse, pas besoin d'être cinéphile ou professionnel dans le métier pour deviner qu'il dit vrai. Lorsqu'il explique pourquoi le monde du cinéma n'a jamais été bienveillant, contrairement à ce qu'avait dit Pierre Niney aux Césars (le pensait-il vraiment d'ailleurs ?), il est tellement convaincant qu'argumenter semble inutile. Ses anecdotes sont truculentes, on voit bien son intelligence, trop souvent fustigée par des caricatures alcooliques sans intérêt ni même fondements (qui se moque de Dutronc en le singeant comme un ivrogne reclus ?). Ensuite, il parle politique. Bien évidemment, il défend la Russie, et pas tant que ça Poutine. Bien évidemment, il devient passionnant. Carrément. J'ai beaucoup appris dans ce chapitre, il est clair et précis, les comparaisons avec les conneries américaines et les conneries russes, ainsi que leur fonctionnement social, tiennent la route. J'étais à fond dans ma lecture, déjà à la moitié du livre, emporté avec ce type dont j'ai pensé "ça m'a l'air d'être un grand homme, quand même !".
Le problème, c'est qu'apparemment, lui aussi pense qu'il est un grand homme. Un grand grand grand homme même.
Penons un exemple simple: Brel. Peu de gens ayant connaissance de sa vie s'amuse à dire qu'il n'a pas été un grand mec. Ca s'entend, à ses chansons, à ses films, et surtout à ses interviews. Pourtant, je vous mets au défi de trouver une seule parole signée Brel où il impose sa vision. Où il dit "Moi je, moi je, moi je, et c'est moi qu'ai raison". Où il souhaite inciter indirectement les autres à suivre sa direction. Non, il ne juge personne, il dit simplement ce qu'il pense, et basta, il ne veut absolument pas faire passer ses idées comme étant celles qu'il faut absolument avoir, comme étant impeccables et irréversibles. Or, Depardieu, il IMPOSE. Sur trois chapitres entiers, il raconte son mode de vie, il en semble très heureux, et souhaite visiblement nous le démontrer pleinement. On est content pour toi, Gégé, mais qu'est-ce que tu veux insinuer ? Qu'on est tous des cons, à vivre dans des villes bouffeuses ? Qu'on ne sait pas vivre, mais que toi si, grand manitou ? Sincèrement, j'en doute. Aussi, ce serait bien d'essayer de remettre sa vie en question et d'affronter ses erreurs et ses défauts, ce dont tu ne sembles guère parler sur ton livre. Pourtant, ça aussi, ça fait parti de la grandeur de la Vie, non ?
Pourtant, tout avait si bien commencé...