Un de mes cadeaux du noël 2020, que, c'est vrai, j'aurais mis un certain temps à attaquer. Dernier livre (testament littéraire ?) de ce Luke Rhinehart, auteur étasunien, dont, je l'admets, je n'avais jamais au grand jamais entendu parler avant de recevoir Invasion en présent. Auteur mort de sa belle mort, à l'âge vénérable de 87 ans, quelques semaines seulement avant que je ne tienne son dernier bouquin entre mes grosses paluches.
Même si je ne connais pas le restant de son œuvre (l'homme dé semble être son morceau de bravoure), l'appellation de livre-testament n'est sans doute pas erronée. Il a plus de 80 ans lorsque parait ce bouquin et il y évoque sans fard les vicissitudes de la vieillesse, à travers son personnage principal, tout de même un jeunot de 70 ans et des poussières. Mais ce n'est pas le sujet principal, car il y évoque avant tout son pays, les Etats-Unis. Et ce qu'ils sont devenus, évolution dont il ressort assez vite qu'il ne l'approuve guère. Plus qu'une charge virulente contre le capitalisme (ah, ces quatrièmes de couverture mal ficelées), il s'y livre plutôt à une charge virulente contre son propre pays, plus exactement contre le régime qui y sévit, entre obsession sécuritaire, prétentions à la domination mondiale, inégalités sociales, guerre éternelle. J'en passe et des meilleures, sans doute.
Le pitch est assez curieux : des extra-terrestres, qui ne cherchent que le fun et le jeu, débarquent un jour aux Etats-Unis et sont sidérés par la bêtise des humains (des étasuniens, surtout, mais pas que). Ca fait du bouquin une sorte de conte philosophique, voire de conte politique, assez délirant et écrit sur un ton plutôt léger. On sent que le Rhinehart a pleinement vécu les seventies et le flower power, et c'est bien sûr par moment un tantinet nostalgique, sur un mode : "regardez ce qu'on a été, et regardez ce qu'on est devenus".
Tout ça donne un bouquin pas très sérieux, sur un mode un peu utopiste et finalement plutôt gentillet, avec un papy plutôt sympa à l'écriture. Agréable à lire, bien construit (narration chorale), facile à suivre même si c'est un peu foutraque à la fin : ça part dans tous les sens, mais en même temps, on sent bien que Rhinehart s'en donne à cœur joie. Ouais, le livre testament d'un gars qui a bien vécu et qui voit avec regret que les générations à venir n'auront sans doute pas la même chance que lui...