Nous sommes en France, mais on ne saura jamais où exactement. C'est Isidore, le plus jeune d'une fratrie de 6, qui s'adresse à nous, comme s'il s'agissait d'un journal intime, mais sans le "cher journal".
Il y a du petit Nicolas dans la manière faussement naïve de décrire ce qu'il se passe autour de lui, il y a du Adrian Mole dans le fait de page après page voir le narrateur évoluer.
Petit à petit - mais pas chapitre après chapitre, car ces derniers sont quasi inexistants, on perçoit le monde d'Isidore. Sa soeur Simone, les 4 plus grands, la mère et le père, et l'entourage plus large. Le boucher, la doyenne de l'humanité, les camarades de classe et le professeur d'Allemand.
Qui est Isidore ? Certainement pas le petit garçon un peu replet qu'il pense être, plutôt une boule d'empathie et de perception. Un surdoué comme le reste de la famille, mais qui constate calmement et avec beaucoup de gentillesse le monde qui l'entoure.
Alors de quoi parle ce livre ?
De comment se comporter dans les foules, comme le laisse entendre son titre anglais original ? De la notion d'entonnoir, le fait de petit à petit sentir le champ des possibles se rétrécir ? De ces thèses que l'on fait pour se maintenir le plus longtemps possible dans l'enfance ? Du deuil ? Du mal-être adolescent ? De la famille ? Du fait d'être surdoué dans un monde banal ? Un peu de tout mélangé, ou tout simplement juste d'Isidore, un garçon qui grandit et qui prend sa place, doucement et fermement ?
On ressort du roman trop rapidement tant on avait pris goût aux aventures d'Isidore, un peu chamboulés par cette écriture fluide, douce et incisive à la fois.