En attente d'une critique plus personnelle, extraits trouvés par ailleurs qui reflètent ce que j'en ai pensé. Ou plutôt, ce que mon moi étalé en une infinité de possibilités alternatives en a pensé au cours de ses diverses lectures parallèles, avant d'être réduit à l'état propre le plus probable (vous comprendrez après avoir lu le livre xD).
Allez si je me lance quand même : concept vertigineux et passionant, background cyberpunk très proche de ce que l'on ressent à la vision de Ghost in the Shell, jamais gratuit et très novateur (j'ai adoré les diffirents mods "controle", "P3", "Karen"...) Imagination et réflexion, quelques morceaux d'anthologie (en particulier la dernière séquence où New Hong Kong sort de la fameuse quarantaine). Un livre intelligent, le pendant scientifique de "L"homme Doré" de Philip K Dick, ce mutant qui voit à chaque instant les futurs multiples et qui arrive à peser sur celui qu'il veut voir devenir. Le seul petit reproche est le style un peu froid, mais qui colle très bien après tout à cet univers et à cet intrigue scientifique et métaphysique.
Recommandé.
Ps : soit j'ai raté qqchose, soit on ne sait pas à la fin du roman qui était le commanditaire initial de l'enquete sur la disparation de Laura. Si quelquun a la réponse, faites moi signe !
L'histoire
En 2034, une gigantesque « bulle » d'origine et de nature inconnues s'est refermée sur système solaire, isolant ainsi l'humanité du reste de l'univers. Trente-trois ans plus tard, le détective privé Nick Stavrianos accepte d'enquêter sur la mystérieuse disparition de Laura Andrews, une attardée mentale qui se trouvait pourtant sous bonne garde dans un asile. Ses investigations le conduisent jusqu'à l'Ensemble, une multinationale qui se livre à d'étranges expériences sur le cerveau et la physique quantique. Ce qui n'était au départ qu'une banale enquête sur une fugue ou un enlèvement se transforme alors en quête sur la nature de la réalité et de la conscience. Une quête où va même se jouer l'avenir de l'humanité et de tout l'Univers.
Les thèmes
Qu'est la réalité ? Est-ce autre chose qu'une infinité de probabilités dont le nombre se réduit jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une ? Mais comment cette réduction s'opère-t-elle ? Y a-t-il moyen de l'influencer ? Est-ce un phénomène universel ou propre à l'Homme ? Et le moi issu de cette réduction est-il le vrai moi ?
Qu'est-ce que le libre arbitre ? Quand des neurogiciels modifiant le comportement — des mods — choisissent à votre place quels doivent être vos sentiments — ou à qui va votre loyauté —, est-ce encore notre choix ? L'influence d'un mod est-elle fondamentalement différente de celle de n'importe quel facteur qui modifient nos décisions, comme notre éducation par exemple ?
Même si l'interrogation sur la réalité est très dickienne, le ton du récit et la conclusion sont très différents. Pour Dick, toute réalité est illusion, tandis que pour Egan, toute illusion est réalité, probabilité parmi les probabilités.
Le Style : Ce roman à l'intrigue implacablement mathématique — et aux ficelles dramatiques parfois simplistes — souffre assurément d'une certaine rigidité formelle. Ses personnages n'éveillent aucune émotion et le style est trop mécanique, trop lisse pour « emballer » vraiment. Mais c'est justement cette froideur scientifique, parfaitement adaptée au récit, qui permet au sens et au vertige métaphysique de surgir et de frapper le lecteur de plein fouet.
Conclusion : C'est parfois un peu sec, cela demande une attention de tous les instants, mais vos efforts seront récompensés par le plaisir d'être embarqué dans un voyage métaphysique ahurissant. Hard science rigoureuse, fiction spéculative hautement philosophique, Isolation est un véritable tour de force littéraire à classer d'urgence, si ce n'est pas déjà fait, sur les rayons de votre bibliothèque idéale.