Cette très belle note ne correspond évidemment pas à mon appréciation de la carrière de Patrice Leconte, réalisateur hyper inégal dont je ne suis pas un grand admirateur - mais dont je peux néanmoins citer une poignée de vrais bons films ("Ridicule", "Tandem", "Les spécialistes"...).
Non, si j'ai pris autant de plaisir et d'intérêt à lire ce bouquin, c'est en raison de l'extrême franchise qui transparaît des propos de Patrice Leconte.
Dans cette mini-autobiographie sous forme d'entretiens avec le journaliste Hubert Prolongeau, le réalisateur tourangeau revient méthodiquement sur chacun des ses films, par ordre chronologique (hormis quelques regroupements, tels que les 3 "Bronzés" à la suite), en décortiquant patiemment à chaque fois la genèse, le financement, le casting, le tournage, la critique, le box-office...
Autant dire une vraie mine d'or d'anecdotes (plus ou moins connues ou inédites) pour tout passionné du cinéma français de ces quarante dernières années - sachant que le livre est sorti en 2011.
Surtout que Leconte se montre d'une lucidité et d'une sincérité rares, n'hésitant pas à s'auto-flageller au sujet de ses diverses erreurs ou manquements, ni à égratigner la réputation de quelques-uns - évoquant par exemple l'arrogance de Jean Rochefort ou les comportements de diva de Fabrice Luchini. Pourtant, le livre ne s'apparente jamais à un règlement de comptes, Leconte réservant ses jugements les plus sévères pour... lui-même!
Le revers de cette lucidité sans complaisance, c'est que les errements et lacunes de Patrice Leconte apparaissent de manière béante : un réalisateur qui admet lui-même "ne pas avoir d'univers propre", ou "ne rechercher qu'une seule chose : le succès public", cela interroge tout de même sur son statut d'artiste (ce qu'il n'est clairement pas de mon point de vue), et cela explique la médiocrité de certains de ses choix.
On regrettera en outre que l'ouvrage n'aborde quasiment jamais la vie personnelle de son auteur, se bornant à relater ses expériences sur le plan professionnel.
Quoi qu'il en soit, je recommande vivement la lecture de "J'arrête le cinéma" (un titre évidemment ironique) à tous les cinéphiles intéressés par l'envers du décor.
A noter que si les entretiens se révèlent si bien menés, c'est aussi grâce au journaliste qui pose généralement les bonnes questions, et n'hésite pas à relancer Leconte de manière souvent précise et pertinente.