Boris Vian, personnellement, j'ai uniquement lu l'écume des jours, qui m'a laissé un sacré souvenir dans sa séduction maladroite et cette descente aux enfers pour tous les protagonistes... bref, un roman qui nous prouve que l'amour est une chose exceptionnelle :^)
J'avais aussi beaucoup aimé cette absurdité du récit, avec entre autres le piano à cocktails et
la mort de Jean-Sol Partre.
Et du coup, quand je vois que ce CHAD a écrit une série de romans américains en se faisant passer pour le traducteur, et qu'il est mort lors de la première représentation du film adapté de J'irai cracher sur vos tombes, bah d'abord j'ai ri et après je me suis dit "woarf, si il est aussi bien côté et que c'est le 10e meilleur roman érotique d'après Senscritique ce site incroyable, bah ça doit être un bon petit moment à passer :^)"
Puis j'ai lu le roman. 200 pages grosso modo, en 3 ou 4 jours. Ça m'arrive rarement de lire un roman aussi vite puisque je suis une loque pas possible (j'ai mis 1 an à lire Don Quichotte), mais pour le coup, là... Wow.
C'est pas gentil, mais alors... Pas du tout.
L'histoire raconte celle de Lee, un métis à peau blanche qui change de ville pour devenir libraire, et infiltre un milieu bourgeois raciste pour venger un "gosse" dont il est sous-entendu qu'il est mort. Le fait est que, autant l'écriture est terriblement crue et directe (le roman ne fait pas 200 pages pour rien) et le personnage principal ne ressent aucune émotion autre que l'envie sexuelle et le sadisme (c'est assez proche de Meursault, le sadisme remplacé par le "CHILL DANS LA NATURE MAN" Dieu m'a laissé incomplet), autant les actions effectuées par ce même personnage sont absolument ignobles. On a, dans l'ordre :
- Relations sexuelles sans être très sobre avec des filles de 15 ans, plusieurs fois, déjà j'ai bégayé.
- Abus sur Jean qui était déchirée comme pas possible.
- Plusieurs coups de pression à base d'attouchements sur Lou, la petite soeur de Jean qui a putain de 15 ans (encore, ça fait beaucoup là non ?)
- Viol sur une enfant noire de 13 ans, dans le but de tester si il était bien blanc ou noir dans l'âme.
- Meurtre de Jean qui est enceinte, avant et après l'avoir baisée.
- Meurtre de Lou qui est ultra brutal aussi... J'ai besoin d'aller voir un psy.
Donc, c'est franchement pas très gentil, pour user d'euphémismes. Mais cette histoire nous offre une vision totalement différente de la vengeance, opposée à celle dans Le Comte de Monte-Cristo, les questions étant :
- Jusqu'où la vengeance passe-t-elle le cap de vendetta gratuite ?
- Est-ce que le racisme peut être puni de cette façon ?
- Érotique ? Sérieusement ?
Autant de problématiques auquel ce roman de répond pas, laissant simplement un constat simple :
Vous êtes choqués par la violence d'un métis blanc sur des blancs, mais vous ne faites pas de scandale sur la violence de blancs sur les noirs. C'est un peu paradoxal non ?
Bah oui, le roman date de 1946, c'est pas pour rien si on considère ce roman comme antiraciste (à l'extrême pour le coup).
... Voilà. Maintenant je vais lire Le Petit Prince.