Quand Diderot décide de casser les codes… et les nerfs du lecteur

Si tu pensais que le roman du XVIIIe siècle se limitait à des aventures bien structurées avec un début, un milieu et une fin, Jacques le Fataliste de Denis Diderot est là pour te prouver qu’on pouvait déjà faire du postmodernisme avant l’invention du mot.


L’histoire ? Alors là, bonne chance pour la résumer ! Jacques et son maître voyagent (où ? pourquoi ? Mystère) et discutent de tout et de rien, surtout de l’amour et du destin. Mais chaque fois que Jacques veut raconter ses propres amours, Diderot intervient, digresse, interrompt, fait parler des personnages secondaires, et te rappelle que de toute façon, tout est écrit d’avance. Fatalisme, ironie et joyeux chaos narratif garantis.


Le gros point fort ? Un OVNI littéraire en avance sur son temps. Diderot s’amuse à démonter les conventions du roman, joue avec le lecteur, brise le quatrième mur et nous balade dans une réflexion aussi brillante que déstabilisante. C’est une lecture unique, vivante, pleine d’humour et de dérision.


Le hic ? C’est du Diderot expérimental. Si tu aimes les histoires bien cadrées, ce livre va t’énerver. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, juste des dialogues et des réflexions qui partent dans tous les sens. Et le pire ? Diderot s’amuse à frustrer le lecteur en interrompant volontairement les moments où tu commences à vraiment vouloir savoir la suite.


Bref, Jacques le Fataliste, c’est une lecture aussi drôle qu’exaspérante, un livre où l’auteur s’amuse à te rappeler qu’il fait ce qu’il veut et que toi, lecteur, tu n’es qu’un pion dans son jeu littéraire. À lire si tu aimes les récits qui cassent les règles et les dialogues où la philosophie et l’absurde dansent un tango endiablé.

CinephageAiguise
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres du XVIII° siècle

Créée

il y a 5 jours

Critique lue 3 fois

1 j'aime

3 commentaires

Critique lue 3 fois

1
3

D'autres avis sur Jacques le fataliste

Jacques le fataliste
Eggdoll
5

Je ne suis pas faite pour les romans picaresques.

Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas pu le finir. J'en ai lu un bon tiers. Car le problème avec ce livre, c'est qu'on ne sait pas où on va : c'est assumé, évidemment, c'est même le but...

le 8 déc. 2011

18 j'aime

2

Jacques le fataliste
Leo_Mance
9

Diderot, ce génie.

Pour moi et j'imagine pour beaucoup de jeunes Diderot est simplement un mec qui a écrit une Encyclopédie. Un vieux bonhomme à la mine austère dont je n'ai entendu parler qu'au détour d'une ligne sur...

le 6 juin 2019

13 j'aime

6

Jacques le fataliste
Fatpooper
10

Mais qui est le maître ?

J'ai pris mon pied avec cette lecture. Je ne suis pas un grand lecteur de roman, je ne sais donc pas encore exactement ce qui me branche. Mais au vu de ce que j'ai préféré ces derniers temps, je...

le 2 sept. 2014

10 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
CinephageAiguise
7

Peace, amour et baffes gauloises

Astérix, c’est un peu comme un banquet chez Abraracourcix : on y revient toujours avec plaisir, même si parfois le sanglier est un peu moins savoureux que d’habitude. Avec L’Iris Blanc, Fabcaro prend...

le 31 janv. 2025

4 j'aime

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

4 j'aime