Mieux que Ring World, ou Rama... Sacrilege?!
Alors je poste pour dire que j'ai fini "Pushing Ice".
Le titre en francais c'est "Janus"; ce bouquin a vraiment pas de bol avec les titres. Il a un deuxième défaut que je vais annoncer d’entrée: le capitaine du vaisseau s'appelle Bella, et putain j'ai mis pas mal de pages à arrêter de penser a Twilight a chaque fois que son nom apparaît (il apparaît beaucoup). D'un autre côté, un collègue avec de meilleures références culturelles que les miennes a remarqué que Bella c’était comme dans Dracula, pas comme dans Twilight.
Bon maintenant qu'on a parlé des défauts, il y a tout le reste.
Woah.
Woooaaaaaaaahhhhhhh.
Déjà le prologue dépote pas mal, vachement beau et lyrique, dans le très-lointain futur. C'est important vu qu'on change immédiatement d'environnement pour le premier chapitre, mais on arrive a se rappeler du prologue tout du long. Reynolds avait essayé (et foiré, à mon avis) ce coup-là dans Absolution Gap, mais là ça marche bien.
Au premier chapitre, on se retrouve dans un environnement nettement plus familier, seulement un demi-siècle dans notre futur. On fait connaissance de l’équipage du Rockhopper, un vaisseau industriel qui mine la glace des astéroïdes et des comètes. Enfin pas tout à fait. Ils installent des propulseurs sur les glaçons géants, pour les envoyer sur des orbites plus propices a l'exploitation industrielle. On n'a pas trop le temps d'apprendre les détails du business, comme un événement bouleversant tout vient de se produire: Janus, un satellite de Saturne, a soudainement décidé d’arrêter d’être un satellite de Saturne, et, bin, il s'en va, pof, comme ça. Janus est de toute évidence un vaisseau, et de toute évidence pas humain.
Bella (pas Kristen Stewart) et son équipage sont les seuls avec une possibilité de suivre la lune pour l'observer. Ils doivent partir immédiatement. Avec leurs réserves de carburant, ils ont une fenêtre d'observation de cinq jours, à la suite de quoi ils devront freiner pour pouvoir regagner la Terre, abandonnant Janus avant qu'il ne soit trop tard. Ça, c'est le plan. Sauf que le plan tombe a l'eau rapidement. De vachement haut. AF 447-style.
L'histoire est vraiment ambitieuse.
Voila quelques-uns des trucs que Reynolds arrive a mettre en place en 500 pages:
- un équipage complexe et crédible, avec sa hiérarchie, ses petites alliances et méfaits, office-politics, sans cliché. Pas de méchants ou de gentils, juste des gens avec des opinions et des objectifs.
- un 'plus-grand-que-nature' dans la tradition de Niven (Ring World) ou Clarke (Rama). Mais là ou les deux précédents étaient très forts sur la science mais faibles sur les personnages et les relations, Reynolds maîtrise l'ensemble et lui apporte une nouvelle dimension. Ah ouais, vous croyiez qu'il était gros, ce gros truc? Bin attendez un peu les kaupains ^^
- une 'rencontre du troisième type'. Souvent en SF, les auteurs réalistes ne savent pas comment résoudre la rencontre, la camouflent ou l’évitent en la repoussant à la suite de la suite de la suite, etc. Reynolds décide que l'objectif de l'histoire est l’odyssée de ses personnages, et ne s’arrête pas à un détail trivial comme une poignée de main avec un alien a 7 bras. Je spoile un peu en disant que la rencontre est résolue et intégrée au background narratif, mais pour ceux qui en ont marre de lire des rencontres inachevées, là c'est pas le cas.
- la hard SF est juste comme il faut. Passée la première partie j'avais un peu oublie que je lisais de la hard SF. C'est juste utilisé pour ancrer l'univers. C'est bien fait, rien à redire. Des fois ça se tient tellement bien que tu te demandes ou il est allé chercher ça sans faire lui-même partie de la mission du Rockhopper. GG.
- ouvertures vers le space-opera. C'est pas un space-opera. C'est réaliste déjà. Mais c'est tellement épique par moment, on est vraiment proche.
- Rythme aux petits oignons. Il arrête pas de se passer des trucs. Tu sors d'un moment de grande tension, hop une petite scène cool ou tu peux te détendre un peu. HAHAHA NON! Gros rebondissement de la mort. C'est reparti mon kiki. Haha tu croyais que t'allais pouvoir suivre le plan, un peu? Non non :-p
Comment c’était trop bon.
Ca va être dur à battre dans les quinze prochaines années.