Voilà un pèlerin bien singulier. J'ai entrepris de cheminer sur ses pas sans vraiment y croire, comme d'autres se lancent vers Compostelle pour la randonnée : ça ou autre chose, au moins j'aurais de quoi m'aérer l'imaginaire. Et puis si je laisse tomber, je pourrai toujours reprendre mon bon vieux Woodehouse que je connais par coeur. Et me voilà piégée. Moi qui ne suis pas fan d'espionnage ni de scènes macabres, je suis restée scotchée. Bien sûr, l'action est très bien ficelée, comme le plus réussi des scénarios de série télé, y compris avec les petites anticipations qui donnent un avant-goût de ce qui va venir. Mais surtout, l'auteur excelle dans la peinture de ses personnages. Par on ne sait quel tour de passe-passe, alors que tout le monde cache plus ou moins son jeu, l'auteur nous rend attachant chacun de ceux qui passent sous nos yeux, le gentil comme le méchant, la musulmane comme l'américaine branchouille, le médecin comme l'agent immobilier. Il y a du monde dans ce roman, tout un monde, et on ne sait jamais qui est qui ! 900 pages, c'est pas assez. Entrez entrez, mesdames et messieurs, vous n'en croirez pas vos yeux, c'est la baraque du magicien !