Un choix périlleux que d'écrire ce roman à la 1ère personne, l'auteur entrant dans la peau de Pauline Dubuisson, célèbre meurtrière des années 50, condamnée pour un crime passionnel... Vertigineuse plongée dans l'esprit de cette jeune femme qui aura subi la double voire la triple peine... Tondue à la Libération, abandonnée par son fiancé, condamnée par un tribunal, Pauline aura été en fait la victime des hommes, toute sa vie, sans oublier son père, qui n'a jamais été à la hauteur de l'amour inconditionnel de sa fille.
Certes, on peut se demander si Jean-Luc Seigle a vu juste, si tout ceci a bien défilé dans la tête de cette jeune femme qui devait être brillante, intelligente. Il y a forcément du romanesque, il y a sans doute de l'invention, mais le pari littéraire est totalement réussi. On souffre avec Pauline, on comprend sans forcément pardonner pour autant, l'empathie est forte, en même temps le recul est respecté...
Ce roman est admirablement écrit, il se lit d'une traite, certains passages très durs et crus apportent la touche de véracité à l'histoire, ainsi qu'un éclairage différent à ce destin de femme.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, un roman de très grande qualité sur un fait divers qui n'est jamais traité en tant que tel, mais comme un fait humain avant tout.