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Les plus alertes auront capté la subversive couverture qui repeint notre Christ pacifique en Che Guevara révolutionnaire. Et c'est un peu la thèse de Verhoeven qui, faute d'avoir pour l'heure pu...
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le 8 juin 2024
Les plus alertes auront capté la subversive couverture qui repeint notre Christ pacifique en Che Guevara révolutionnaire. Et c'est un peu la thèse de Verhoeven qui, faute d'avoir pour l'heure pu réaliser un film sur le sujet, se fend de son biopic christique sous la forme d'un bouquin (dont un bon quart de notes de bas de pages reléguées en fin d'ouvrage). Tel un Carrère s'aventurant aux abords du Royaume, après l'avoir rejeté ou tournoyé autour, le "hollandais fou" précise dans un propos liminaire d'où il parle (études de philo, goût pour la rigueur scientifique, puis yoyo de jeunesse entre libertinage et retour du religieux) et quel est son axe (en somme : expurger la bible de tout le surnaturel pour essayer de ciseler le récit réel, approché, petite plus-value, en acrobate du story-telling décelant là les intentions scénaristiques dans les réécritures évangéliques, jugeant à ses yeux de la plausibilité de certains déroulements qui, dans la réalité s'avèrent souvent plus chaotique que dans les rails formatés du récit).
L'exégèse se suit avec plaisir, car si Verhoeven qui a fréquenté pendant des années des groupes d'érudits - quitte à en devenir un lui-même- s'empare du sujet, il sait le rendre communicatif, mêlant dimension personnel, jeu de piste historiographique et re-construction d'un narratif. Comparant les évangiles entre eux (comme tout bon apprenti théologue, Paulo a ses chouchous et ses têtes de turc), mais malaxant à l'envi les interprétations canoniques au fil des siècles, souvent pour y briser un consensus mou et aveuglé par la foi. Les miracles ? Des inventions, ou bien, éventuellement, des exorcismes réussis de par le charisme de Christ. Les aphorismes et allégories ? La marque de fabrique d'un esprit hétérodoxe, les clichés faciles apposés aux lèvres de Jésus étant d'ailleurs souvent écartés comme de très probables rajouts boîteux réécrits à postériori. Le non-violence comme horizon indépassable, la caractère apolitique de la parole messianique, la résurrection ? Autant de tour de passe-passe pour masquer que Jésus étant devenu un révolutionnaire de plus en plus frontal à la caste juive alors acoquiné avec les romains.
Emaillant par ailleurs ici ou là son analyse de croquis de cinéma ou d'anecdotes sur les divers essais religieux polémiques (Scorcese et Gibson, pour le meilleur et pour le pire), Verhoeven signe un ouvrage stimulant, drôlatique dans sa façon iconoclaste de briser les dogmes à coup de massue rhétorique dans le plus grand calme apparent, quitte parfois, ce qui en exégète athée ne surprendra pas, à se révéler ici ou là de mauvaise foi.
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le 8 juin 2024
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