Le hockey, c’est pas juste un sport. C’est une arène, un exutoire, une métaphore de la survie. Et dans Jeu blanc, Richard Wagamese ne nous parle pas que de palets et de patinoires, il nous balance un uppercut émotionnel en pleine figure, une histoire de résilience qui glisse entre espoir et douleur, avec plus de tensions qu’une finale de la Coupe Stanley en prolongation.
Saul Indian Horse, un gamin ojibwé, apprend très tôt que la vie est un match truqué, où les coups bas viennent aussi bien des adversaires que du monde lui-même. Enfant arraché à sa culture et balancé dans l’horreur des pensionnats autochtones, il trouve son salut dans le hockey, un endroit où, pour la première fois, il peut exister autrement que comme un “Indien de trop”. Mais la glace, aussi lisse soit-elle, n’efface pas tout, et c’est là que Wagamese nous prend à la gorge.
Le roman est brut, sincère, sans fioritures. Pas de pathos dégoulinant, juste une vérité qui cogne, page après page. La plume de Wagamese, c’est du froid qui brûle, du silence qui hurle, un équilibre parfait entre pudeur et puissance. Il ne nous livre pas une simple success story d’athlète, il nous raconte l’héritage du trauma, la difficulté d’avancer quand les blessures du passé collent plus fort que les patins sur la glace.
Et c’est ça qui fait de Jeu blanc un roman marquant : c’est à la fois un cri de rage et un chant d’espoir, une démonstration implacable de la force qu’il faut pour exister dans un monde qui voudrait t’effacer.
Bref, c’est plus qu’un roman sur le hockey. C’est une leçon de survie, une réflexion sur l’identité et un slapshot en pleine conscience. Tu finis le livre lessivé, admiratif… et un peu plus humain.