Dommage. Alors que je me croyais conquise à la prose de l'écrivain congolais Emmanuel Dongala après la lecture de "Un fusil dans la main, un poème dans la poche" et "Photo de groupe au bord du fleuve", il fait preuve ici de beaucoup trop de manichéisme. Ajoutez à cela un style poussif et une construction narrative (alternance de point de vue un chapitre sur deux) mal maîtrisée et j'ai dû faire bien des efforts pour aller jusqu'au bout.
Vraiment dommage, car on sent bien que l'auteur avait toutes les clés pour écrire un grand livre sur les réalités des guerres civiles en Afrique de l'Ouest. D'un côté, les chapitres où nous sommes plongés dans l'univers cruel et insensé de Chien méchant, enfant soldat qui se croit supérieur au reste de la bande parce qu'il est allé à l'école jusqu'au cours moyen, sont plutôt réussis. La violence et le cynisme décrits sont désarmant. De l'autre, le récit de la fuite de la petite Laokolé, jeune adolescente (trop parfaite pour que l'on puisse vraiment compatir à sa douleur) qui tente d'échapper aux exactions des miliciens, est vraiment "too-much". Dongala a sans aucun doute voulu ajouter une dose d'optimisme à son roman et il n'y va pas à la petite cuiller. Au cas où le lecteur n'aurait pas compris le message, il fait dire et re-dire à la jeune fille, alors confrontée aux pires atrocités, combien elle est touchée par chaque acte de générosité. Oh la la, comme la nature humaine est magnifique quand elle fait preuve de tant de solidarité face à l'horreur... j'aurais attendu un peu plus de subtilité.