Si tu pensais qu’un journal intime, c’était juste des états d’âme et des grandes déclarations existentielles, Journal d’un corps de Daniel Pennac va te prouver qu’on peut aussi écrire 400 pages sur la sueur, les boutons, les douleurs articulaires et les petits plaisirs du quotidien. Oui, bienvenue dans une autobiographie où le vrai héros, c’est… le corps.
L’idée est simple, mais diablement originale : et si, au lieu de raconter sa vie avec des mots, on la racontait avec des sensations ? Ce livre, c’est l’histoire d’un homme, de son enfance à sa vieillesse, vue exclusivement à travers ce que son corps vit, endure et ressent. Une éruption de varicelle, une première baffe, le frisson d’un premier amour, la douleur d’un deuil… tout passe par le filtre des muscles, de la peau, des nerfs.
Pennac écrit avec son style inimitable, mélangeant humour tendre, poésie du banal et lucidité mordante. Le corps n’est pas un temple, c’est un champ de bataille, un organisme qui résiste, souffre, jouit et se déglingue avec le temps. Et c’est fascinant. On suit ce mec anonyme qui pourrait être n’importe qui, et au fil des pages, on se reconnaît dans ses gênes, ses douleurs, ses étonnements… et surtout dans cette obsession du vieillissement qu’on finit tous par développer à un moment donné.
Alors oui, c’est parfois un peu répétitif, un peu contemplatif, et il faut adhérer au concept pour vraiment s’y plonger. Ce n’est pas une histoire au sens classique du terme, pas de grand drame ni de rebondissement spectaculaire, juste une chronique du temps qui passe, vue depuis l’intérieur de notre propre carcasse.
Bref, Journal d’un corps, c’est un carnet de bord intime, drôle et touchant, une méditation sur le fait d’habiter un corps qui, qu’on le veuille ou non, finit toujours par nous trahir un jour. À lire lentement, comme on observe une ride apparaître.