Oui, comme tous les obsédés de rock, les collectionneurs de disques, les vieux ados qui font des listes et offrent des "mixed tapes" (aujourd'hui des CDs gravés), j'adore Nick Hornby, le seul auteur qui parle de nous et parle en notre nom à la fois... Bien entendu, je sais bien qu'il n'est pas un vrai "grand" auteur, juste le chroniqueur hilarant de notre quotidien et de nos débâcles amoureuses ou autres, mais aussi de notre passion absurde envers le rock (vous savez, cette musique qui a changé notre vie, un beau jour, alors que nous avons allumé la radio, etc. etc.).
"Juliet, Naked" est une drôle d'affaire : certains parlent de son livre de la maturité (vu la manière brillante dont il parle de la vie d'une femme, avec une empathie rare, par exemple), moi j'ai bien aimé ce retour décidé au rock'n'roll à travers l'analyse fine de nos rapports obsessionnels avec nos héros musicaux qui ne nous méritent pas, nous les fans (mais dans tous les sens du terme), sans parler de nombre de réflexions pertinentes sur l'Internet et le bon ou le mauvais usage qu'on en fait. Bref, en lisant Hornby, on a enfin l'impression de lire le livre de quelqu'un qui vit dans le même monde que nous (Wikipedia, les blogs, le mystère de la célébrité, etc.) et non dans un quelconque univers hautement intellectuel et éthéré d'où ne nous parviennent plus de que des sons et des idées raréfiées...
Oui, on s'ennuie un peu lors de passages moins pertinents ; non, ce n'est pas un nouveau "High Fidelity" ni même un autre "About A Boy", et Hornby n'atteindra sans doute jamais plu la perfection de son "31 songs", le meilleur livre jamais écrit sur NOTRE musique ; oui, il est vrai qu'on rit moins qu'avant chez Hornby ; oui, on voit désormais un peu trop les ficelles de ses histoires un peu trop improbables, etc. etc.
Mais rien de cela n'empêche que pour moi et mes semblables, ce genre de livre est plus ou moins indispensable... [Critique écrite en 2010]