Je suis entrée dans ce livre avec enthousiasme, à l'image des morceaux phares de son auteure, que j'idolâtre. Il se dégage de Patti Smith une aura, celle d'un poète maudit, d'un "corbeau gothique", comme le dit si bien Dali.
Just Kids permet de retracer la construction de cette figure que la plupart lui attribue.
J'ai découvert une enfant et adolescente pauvre, sans ambition particulière, dénichant des vêtements sombres et longs qui ne mettent pas en valeur son physique particulier qui, pourtant, la caractérise très vite.
Et puis alors, se dévoile la naissance d'une Grande, qui commence par l'écriture, de poèmes surtout, découlant logiquement de sa lecture passionnée de Rimbaud. Just Kids est empreint d'un lyrisme certain qui a majoritairement participé à l'amour que je lui porte. Il faut dire que j'aime particulièrement les descriptions du quotidien, telle la saveur du "lait chocolaté" qu'adore Robert Mapplethorpe.
Mapplethorpe, l'essence même de cette autobiographie, où tout lui est dédié : l'amour, l'admiration, la compassion de Patti Smith. Cette relation ambigüe qu'il existe entre eux fascine et intrigue. Qui sont-ils ? Des amants ? Un frère et une sœur ? Les meilleurs amis du monde ? Tout à la fois, en réalité.
Et puis il y a les "autres", Allen Ginsberg, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Sam Shepard etc., qui sont autant adulés par Patti que par nous-mêmes, ce qui permet quelque part de s'identifier à une future artiste, et de se dire aussi que la vie est injuste, parce qu'elle est entrée dans cet univers new-yorkais par hasard ! par chance ! Sans omettre le fait qu'elle y vivait à la bonne époque (oui, j'adore les sixties et les seventies et il va donc de soi que j'adore ce bouquin rempli de références).
Alors même si quelque peu déprimant parce qu'il nous rappelle que le XXIème siècle est bien différent, ce récit permet de s'évader au cœur du New-York artistique d'il y a près de 50 ans et de tout ce qui fait son charme, autrement qu'à travers une musique ou des images.
Tout comme Because The Night est à écouter et réécouter, Just Kids est à lire et à relire, car tous deux font vivre et danser.